Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/156

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diable en personne ou quelque esprit malfaisant.

Car l’infortuné Smith était dans un état lamentable : il reposait, étendu par terre, sur le ventre ; ses lunettes, brisées, foulées aux pieds, gisaient près de lui, ainsi que sa calotte de velours, maculée de poussière et de boue.

Mais cela n’était rien à côté du spectacle qu’offrait l’extrémité du tronc opposée aux épaules. Le pantalon de John Smith était déchiré, sa chemise s’échappait de la large ouverture, comme le font les chemises des petits garçons qui mendient dans les villages du Tipperary, et le savant montrait une masse de chair bihémisphérique zébrée de lignes rouges.

Au même instant, sir Septimus Long s’éveillait, et le premier objet qui s’offrit à ses regards ahuris fut justement celui dont je viens de donner la description.

— Oh ! réellement, Smith, mon cher Smith ! Pourquoi montrez-vous ?… Qu’est-il arrivé ?

On relevait le chef du département des antiquités égyptiennes, dont la figure exprimait la fureur, la honte, la consternation. Il était visible que l’égyptologue étouffait de rage : il voulait parler et il n’arrivait qu’à balbutier des syllabes expressives par leur sonorité, mais incomplètes comme mots.

— Par Jupiter ! Smith, je crois qu’ils vous ont fouetté ! véritablement fouetté, mon digne et respectable ami. Quel scandale ! Si j’avais reçu…

» C’est encore un événement heureux… très heureux… relativement, bien entendu… que ce soit vous…

— Damné corbeau ! cria enfin Smith en recouvrant la parole et en ajustant les débris de son pantalon avec une prompte pudicité, vieil imbécile… on dirait que vous êtes content…

» Les canailles !… Le voleur et sa bohémienne… Il faut les arrêter, les emprisonner, les condamner à mort…