Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/184

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cauchemar pénible ; j’ai vu votre double errant dans l’espace à la recherche de quelqu’un. »

D’un mouvement impulsif, Rogers saisit le bras de son compagnon.

— Vous dites ?

— Je répète que j’ai vu votre double errant à la recherche de quelqu’un. Ce quelqu’un est une femme… Morte ? Vivante ? On ne m’a pas permis de le savoir.

» Quand je me suis trouvé de l’autre côté, près de votre double, une voix m’a dit : « Aide-le à redescendre et aide-le à retrouver celle qu’il a perdue. »

» Et je vous ai soutenu, et nous sommes revenus ensemble auprès de votre corps. Il y avait de grosses larmes figées sur vos joues pâles.

» Au moment de la réintégration, j’aperçus, à demi dissimulée derrière un brouillard de vapeurs rougeâtres, une femme qui vous tendait les bras d’un geste désespéré. Elle semblait prisonnière. Quelque chose l’empêche de revenir vers vous, et cependant elle vous appelle… il faut que vous la retrouviez, il le faut.

» Et la même voix m’a dit : « Répète-lui tout cela demain. » J’obéis. J’obéis parce que j’ai conscience d’accomplir un acte nécessaire. Jugez-moi maintenant comme il vous plaira.

— Monsieur, murmura Rogers, tellement ému qu’il en désapprenait le français et devait chercher ses mots, monsieur, je ne saurais assez vous remercier. Tout ce que vous venez de me dire est exact.

» En effet, j’ai perdu une créature adorable et adorée… Mes efforts pour la retrouver, pour la revoir sont restés vains jusqu’à ce jour. Elle était ma joie et ma chance. Avec elle sont parties ma joie et ma chance.

» Si vous pouviez véritablement m’aider… ah ! si vous pouviez, que de reconnaissance ! »