Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/189

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

niste du quai Malaquais. Si vous voulez, nous irons le voir demain. »

Rogers accepta, et le lendemain, à l’heure fixée, ils se retrouvaient devant la boutique du libraire.

Sur les planches brutes s’alignaient des ouvrages neufs portant des titres bizarres, à terre gisaient des ballots de brochures et de revues, bleues, vertes, roses, revues d’astrologie, d’hermétisme, de spiritisme, de cosmogonie occulte dont Balaruc était l’éditeur et qui ne devaient pas, d’après la quantité de « bouillons », être lues par un nombreux public.

À ce jeu, Balaruc ne s’enrichissait guère. Il vivotait chichement de la vente des vieux livres occultes dont sa bibliothèque était abondamment fournie.

Tous les collectionneurs d’éditions princeps, tous les fervents bouquinistes du quartier des Écoles fréquentent assidûment sa maison, puisent dans ses « réserves », fouillent parmi les anciennes reliures et y font parfois de précieuses trouvailles.

Balaruc est un vieillard jovial, ami de ses clients, qui s’attardent volontiers chez lui en d’interminables causeries, car sous ses dehors simples, il cache un homme très savant que l’on peut consulter avec fruit sur les sujets les plus divers.

Pierron entra en habitué de la maison, il présenta son camarade et la conversation prit bientôt une tournure intéressante pour le jeune Anglais, car elle roula sur l’occultisme.

Le vieux libraire savait beaucoup de choses : il intéressa Rogers par l’exposé de ses théories sur la vie, la mort, la réincarnation à laquelle il croyait fermement.

— M. Rogers désire vous demander quelque chose, déclara Pierron lorsqu’il vit que Balaruc et l’Anglais sympathisaient.

— De quoi s’agit-il ?

Edward raconta son histoire, et tout en l’écoutant le vieillard posait sur son interlocuteur ce regard étrange qu’il avait parfois lorsque son esprit voyait plus clairement que ses yeux.