Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/193

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

» Sachant combien tu admires son œuvre, j’ai pensé qu’il te serait agréable de causer avec M. Rogers, qui est vraiment un gentleman bien sympathique. Aussi je l’ai invité ; il viendra après-demain soir. »

Du coin de l’œil Magda examinait quelle figure faisait son père. Il laissa échapper un mouvement de surprise, mais ne parut pas contrarié. Bien, mieux il sourit en disant à sa fille :

— Voilà un trait qui m’étonne de ma sauvage Magda. D’ordinaire elle ne se lie pas avec cette facilité.

— En effet, père, mais l’invitation est partie sans que j’y songe, oui, ma foi, je n’ai réfléchi qu’ensuite, il était trop tard. Alors je me suis dit qu’une mauvaise soirée est somme toute assez vite passée, et que si M Edward Rogers te déplaisait, nous en serions quittes pour ne pas récidiver.

Le savant baisa avec tendresse les cheveux noirs de sa fille.

— Je recevrai avec plaisir M. Edward Rogers, puisque tu l’as jugé digne d’être de nos amis ; j’ai pleine confiance en ton sentiment.

M. Roberty dit tout à coup a sa fille :

— J’ai une idée, Magda, je montrerai à M. Rogers la communication égyptienne obtenue par Mme Lalande. Il est plus ferré que moi, il verra si des fautes ont été commises ou si le langage est pur.

La jeune fille ébaucha un mouvement de protestation, elle rougit et ressentit un émoi singulier.

Une soudaine lueur éclairait les événements qui s’accomplissaient et qui jusqu’alors lui avaient paru incompréhensibles. Mais elle n’acheva pas le geste, car elle eut l’impression d’une fatalité contre laquelle la volonté humaine resterait impuissante.

Ce qui devait être serait… On l’avait avertie… L’être annoncé entrait dans sa destinée…les temps étaient venus.

Ce destin, quel serait-il ? Joyeux ou misérable ? Qu’importe, puisqu’elle ne pouvait le changer. Elle acceptait la vie, elle acceptait la peine, elle acceptait tout, sachant combien la lutte serait inutile.