Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/226

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Suffoquée par la chaleur, Mlle Roberty demeurait étendue sur son lit, rêveuse, troublée, assaillie d’une angoisse imprécise, lorsque des bruits confus frappèrent son oreille ; elle écouta, le bruit devenait plus distinct dans le silence ouaté de la nuit, c’était le son de voix différentes ; l’une grave, l’autre plus aiguë.

À ne pas s’y méprendre, c’était une voix de femme, et aussitôt le cœur de Magda se serra comme si un invisible étau l’eût comprimé dans ses mâchoires de fer.

Il y avait une femme chez M. Rogers !

Mlle Roberty éprouva un violent chagrin. Et la pauvre demoiselle apprit ainsi que l’amour est une cause de douleur, même dans ses joies ; elle pleura longtemps, puis frissonna, elle était glacée, elle tremblait de froid, ses dents claquaient ; elle sentait naître dans son cœur une haine terrible contre cette femme inconnue ; en même temps, elle jugeait la conduite du jeune Anglais avec une sévérité draconienne.

En recevant ainsi chez lui une femme de mauvaise vie, il manquait de respect à ses compagnons et il l’outrageait, elle, Magda, personnellement ; elle saurait bien le lui faire sentir.

Un désir fou de savoir qui était cette femme s’empara d’elle. Sa conscience mit bas les armes et la jeune fille, tremblante mais résolue, ouvrit doucement sa porte.

Elle regarda prudemment à droite et à gauche. La petite cour était solitaire ; quatre ou cinq pas la séparaient de la chambre du jeune Anglais. Elle releva son peignoir, avança doucement ses petits pieds chaussés de mules, et se dirigea silencieusement vers la porte qui cachait le mystère.

Elle retint sa respiration qui se précipitait ; elle se pencha vers l’angle disjoint d’un panneau ; elle regarda vite…

Oui ! il y avait avec Rogers une femme ! Une Égyptienne évidemment, et une Égyptienne impudique, dont les seins étaient nus,