Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/237

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chasse des débris de tablettes d’écriture cunéiforme.

L’archéologue trouva l’orientaliste singulièrement distrait : c’était chose fort compréhensible, car il ne pouvait penser qu’aux incidents surprenants de la nuit ; son imagination lui représentait Magda dans un costume négligé qui montrait toute sa beauté, et il en était obsédé ; il tardait au jeune Anglais d’être à l’heure du déjeuner pour revoir celle qui occupait ainsi ses pensées.

Il ne songeait guère à Nefert-thi, car les hommes sont d’un naturel inconstant et d’un tempérament sur lequel les choses matérielles agissent, dans certaines circonstances, plus énergiquement que les spirituelles.

Enfin le lent soleil gravit la pente de l’Orient, et envoya des rayons insupportables parce qu’ils étaient plus voisins de la perpendiculaire. M. Roberty s’arracha aux douceurs de ses fouilles, et Rogers l’entraîna d’un pas exceptionnellement rapide.

— Pas si vite, mon jeune ami ! pas si vite, murmurait l’archéologue, qui suait et soufflait.

Bientôt la maison basse, aux murs de pisé, ouvrit sa porte, et Rogers, après une courte toilette, courut vers la salle à manger ; Madga l’attendait, dans le coin le plus obscur de la pièce assombrie.

Les pensées de la jeune fille, depuis son réveil, avaient été fort nombreuses et d’une rare complexité. Elle avait gardé un souvenir exact de son inconvenante visite, de sa conversation avec la momie et des engagements que celle-ci lui avait demandé de prendre.

Elle les comprenait moins, maintenant qu’elle n’avait plus la lucidité de son sommeil magnétique ; mais sa volonté les ratifiait

Elle suivrait Edward jusqu’au bout ! Et s’il fallait succomber avec lui, ou pour lui, soit ! Elle périrait heureuse ; elle trouvait douce l’idée de se sacrifier pour le jeune homme.