Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/258

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bres, emportées par un tourbillon, s’enfuirent vers la chambre de l’Anglais.

Là, Rogers et Nefert-thi aperçurent les kà de Minamoum et de ses prêtres ; le vieillard souriait avec méchanceté.

— Insensés ! dit-il. Vous avez osé soulever le voile, alors que les passions vivaient encore en vous ! Nous ne laissions approcher du sanctuaire que les vieillards assagis par le temps, tandis que vous avez témérairement abordé le seuil de l’abîme avec toute l’ardeur de vos jeunes sangs ! Vous allez périr !

Rogers ne pouvait ressaisir sa force chancelante ; il était trop préoccupé de ses compagnes ; Nefert-thi s’abritait en frissonnant à ses côtés, Magda s’accrochait à lui comme si elle eût perdu la raison ; Minamoun continua :

— Fille de l’impie ! Ton père a blasphémé Ammon-Rà et persécuté ses fidèles ; son marteau a effacé partout le cartouche du Dieu, mais Ammon s’est vengé.

« Où est maintenant le nom de ton père ? Sa momie a été détruite, sa figure partout martelée, et la double mort l’a enseveli. Et toi, tu vas périr aussi pour la seconde fois, Nefert-thi, toi l’impure, la prêtresse infidèle, et je vengerai sur toi Ammon que tu as outragé. »

Il prononça une incantation en faisant des gestes lents. Aussitôt des flammes bleuâtres environnerent les trois ombres, qui sentirent leur morsure destructive. Nefert-thi et Magda poussèrent des cris de douleur, mais le danger rendit à Rogers sa volonté ébranlée.

À son tour, il prononça des mots étranges, et les flammes reculèrent ; il fit des gestes, et elles se retournèrent contre Minamoun et les siens. Leurs ombres brûlèrent comme des torches et disparurent dans un brasier ardent. L’incendie fut comme un violent éclair, comme un foudroiement silencieux.

Tremblante, Nefert-thi se pressait contre son amant. Elle balbutia :