Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/33

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Rogers ne savait que répondre, la conversation lui paraissait incohérente. Nefert-thi continua :

— Tu auras tout à apprendre, malheureux ! Aurai-je le pouvoir de t’enseigner ce que tu dois savoir ? C’est là l’œuvre la plus nécessaire.

La momie appuya gracieusement la tête sur son joli bras ambré. Rogers la contemplait avidement ; il n’avait rien vu de comparable à cette extraordinaire jeune femme.

Celle-ci reprit, après un instant de réflexion :

— Nous avons une vie à vivre ensemble, et je ne veux pas y renoncer. Je te dirai plus tard de quelle manière nous arriverons à me ressusciter, comme Isis ressuscita Osiris massacré.

» Je t’apprendrai moi-même notre langue. Ce sera facile, car tu n’auras qu’à te ressouvenir. Mais c’est assez pour la première fois… Je sens que la lumière diminue et que bientôt je serai sans forces. Adieu. Je viendrai tous les soirs te retrouver et je serai ton guide.

Là-dessus la momie se pencha vers Rogers, l’embrassa et se leva. Le jeune homme voulut saisir Nefert-thi pour lui rendre son baiser, mais ses bras n’étreignirent que le vide.

L’apparition ne résista pas au contact du corps de Rogers, elle s’évanouit comme une vapeur qui disparaît. Elle eut cependant le temps de dire à l’imprudent :

— Ne me touche jamais, tu dissoudrais la subtile trame dont mon corps est formé. À demain.

Les pas s’éloignèrent, ils franchirent la porte, ils parcoururent le corridor, ils descendirent l’escalier… Plus rien.