Page:Wylm - L'Amant de la momie, paru dans Le Matin, 24-10-1912 au 06-12-1912.djvu/60

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semble d’ailleurs avoir été son exercice préféré, par de basses vengeances exercées sur ceux qui s’étaient occupés de son installation. L’ébéniste, Thomas Stevens, en arrangeant la vitrine destinée à Nefert-thi, se donna un violent coup de marteau sur le pouce gauche, un panaris s’y déclara, et Tom dut subir une opération douloureuse.

Le lendemain, Jeremiah Duncan, un des surveillants, fut victime d’un accident différent. Il causait avec un visiteur qui lui demandait des renseignements sur la momie et il ne pouvait en donner, la pièce n’ayant pas encore été décrite ni cataloguée.

— Une princesse royale, dit le visiteur ; ce n’est pas de la petite bière !

— Non, certes ! répliqua Jéremiah.

— Elle n’a pas l’air commode avec ses dents brillantes dans sa peau tannée.

— Elle ressemble à un vrai diable, approuva imprudemment Jeremiah ; elle doit être méchante comme Old Nick.

À peine Jeremiah Duncan avait-il prononcé ces mots que la vitrine sur laquelle il s’appuyait lui parut glisser en arrière, ses pieds se portèrent en avant, et le malheureux heurta, en tombant, le cercueil de bois. Sa bouche porta rudement sur l’angle du coffre ; il se fendit la lèvre et se cassa les deux plus belles incisives supérieures.

Se relevant avec peine, il exhala sa colère dans le langage le plus profane.

— Cet imbécile de Stevens aurait bien pu fixer solidement ce meuble, dit-il en crachant ses dents dans son mouchoir.

Il essaya de ramener la vitrine à sa place et s’aperçut, très surpris, qu’elle n’avait pas bougé.

— Ai-je la berlue, monsieur ? N’avez-vous pas vu la vitrine glisser pendant que je m’appuyais dessus ?

— Non, surveillant, c’est vous qui avez glissé, pas elle.

— Voilà une chose étonnante, je l’ai positivement senti reculer.

Il prononçait mal, n’étant pas habitué à