Aller au contenu

Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
109
M. STÉPHANE MALLARMÉ

lui-même, tandis que s’effondre le mobilier des poésies, salue, ébloui, l’usurpateur du temple qu’il rêvait.


La forme spéciale de M. Mallarmé est toute en ce poème : le sujet nettement indiqué par des mots saillants, l’émotion traduite par le ton général de la mélodie, et le sonore crescendo des deux tercets, et ces vers, dont le sens est à dessein atténué, alin qu’ils ne soient plus que de pures musiques :


À propager de l’aile un frisson familier


et :

Trompettes tout haut d’or pâmé sur les vélins.


IV

M. Mallarmé a donné aussi à notre prose française quelques pages délicieuses de finesse et d’élégance. Nous lui devons, par exemple, une traduction des poèmes de Poe, prodigieusement fidèle par la restitution des émotions, sous les mots ; une préface à Vathek, légère et délicate comme une chronique du siècle passé ; puis cet article sur Wagner où, avec l’impartialité d’un artiste, il compare le drame musical du maître allemand à l’idéal dramatique que lui-même a conçu. C’est là qu’il définit la musique d’une définition si heureuse : « Ces raréfactions et ces sommités naturelles que la musique rend, arrière-prolongement vibratoire de nos idées. » Mais