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Page:Wyzewa - Nos maîtres, 1895.djvu/209

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RENAN ET TAINE

résolus de classe moyenne, derniers détenteurs des vertus morales délaissées par une noblesse dissolue… L’œuvre de cet homme, né bourgeois, est essentiellement bourgeoise ; grâce à lui la classe moyenne a pris pied dans les affaires de l’État. « 

Le caractère de Napoléon ? Vous n’avez qu’à imaginer le caractère du banquier Laffitte, en supposant seulement qu’au lieu d’une banque c’est un empire que le destin lui donne à diriger. Toutes les vertus bourgeoises, et nulle trace d’autres vertus. Napoléon a été, au collège, un élève appliqué ; il a été, dans l’armée, un officier consciencieux et travailleur. Toute sa vie il s’est montré bon fils, bon frère, bon mari. Savez-vous pourquoi Napoléon n’aimait pas Mme de Staël ? « À cause de sa mauvaise réputation. Il avait une répulsion instinctive pour les femmes sans retenue. » Et, comme il avait les vertus d’un bourgeois, il en avait les travers : la parcimonie, la méfiance, mille petites manies. « Tout concourt à compléter cette physionomie de citadin provincial » : tel est le jugement que porte en dernier lieu sur lui M. Arthur Lévy, après avoir étudié pendant 650 pages, avec une patience et une conscience admirables, tous les détails de sa vie et de son caractère.

Le Napoléon de M. Frédéric Masson est plus difficile à définir. On voit de suite, au moins, qu’il est aussi éloigné du petit bourgeois que du condottiere. Ce serait plutôt un poète, un de ces grands pas-