Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/340

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

haut sur des tertres, galoper dans les montées, dans les descentes ou sur le flanc des collines. Toutes ces épreuves montrent s’il a le corps sain et le cœur généreux. Il ne faudrait pourtant pas rejeter un cheval qui ne ferait pas tout cela dans la perfection ; chez un grand nombre de chevaux, ce sont moins les moyens que l’expérience qui manque.

Le montage, l’habitude, l’exercice, les amèneront à bien faire, du moment qu’ils sont bien portants et qu’ils ont du cœur. Il faut se méfier toutefois d’un cheval sur l’œil : le cheval ombrageux ne permet pas de donner sur l’ennemi ; souvent même il renverse son cavalier et lui cause de fâcheux accidents. On doit encore observer s’il est méchant soit avec les chevaux, soit avec les hommes, et s’il est trop chatouilleux ; car avec de pareils défauts il donne beaucoup de peine à son maître.

Pour connaître plus facilement si le cheval se refuse à être bridé, monté, et s’il résiste aux autres exercices qu’on exige de lui, il faut, à la fin des exercices, essayer de lui faire recommencer tout ce qui les précède. S’il se prête aux mêmes manœuvres, c’est une preuve certaine de son courage. En résumé, un cheval qui a de bons pieds, un caractère doux, des jarrets suffisamment légers, la volonté et les moyens de supporter le travail, ne causera probablement aucun accident à son cavalier et le sauvera dans les dangers de la guerre. Mais les chevaux lâches qui ne vont qu’à force d’aiguillon, de même que ceux qui, par trop d’ardeur, exigent beaucoup d’attention et de caresses, occupent trop la main du cavalier et découragent dans les moments critiques[1].

  1. Ce chapitre nous prouve que cet écuyer célèbre (Xénophon) connaissait parfaitement le cheval de guerre, et il était difficile qu’il poussât plus loin ses connaissances hippiques, étant toujours occupé à faire la guerre. Il dressait le cheval comme le ferait aujourd’hui un hardi coureur de steeple-chase, solide et bien botté, bien éperonné, avec cette différence toutefois qu’il se rendait un compte exact de l’animal qu’il avait entre les jambes, et qu’il est très-rare qu’un gentleman possède de telles connaissances. L. B.