Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/349

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Quand on a un cheval qui ne sait pas du tout sauter un fossé, on le prend par la longe, qu’on tient lâche, et l’on saute le premier ; puis on tire la longe à soi pour le faire sauter ; s’il refuse, on a là quelqu’un muni d’un fouet ou d’une baguette, qui le pousse vigoureusement. Il saute alors, non pas ce qui est nécessaire, mais beaucoup plus qu’il ne faut. À l’avenir, il n’y aura plus besoin de le frapper ; dès qu’il sentira quelqu’un derrière lui, il sautera. Une fois accoutumé à sauter ainsi, on le monte et on le présente à de petits obstacles, puis à de plus grands : au moment où il va s’élancer, on l’éperonne. Pour sauter de haut en bas et de bas en haut, on l’éperonne de même : car, en se ramassant pour le mouvement, il est bien plus sûr pour lui même et pour le cavalier, que s’il s’arrêtait sur cul dans le fossé, la descente ou la montée.

Pour l’exercer à la descente, on choisira d’abord une terre molle : l’habitude une fois prise, il courra plus volontiers en descendant qu’en montant. Ceux qui redoutent de briser les épaules de leurs chevaux en galopant dans les descentes, qu’ils se rassurent : les Perses et les Odryses font tous des courses sur des pentes rapides, et leurs chevaux sont aussi nets que ceux des Grecs.

Nous ne manquerons pas de dire comment l’homme doit se comporter dans chacun de ces mouvements. Quand le cheval part tout à coup, il faut d’abord porter le corps en avant, afin que le cheval puisse moins se dérober et jeter à bas son homme ; l’instant d’après, s’il s’arrête court, on le porte en arrière, ce qui affaiblit la secousse. Quand on saute un fossé, ou qu’on gravit une montée, il est bon de prendre une poignée de crins, afin d’éviter que le cheval soit gêné à la fois par la nature du terrain et par l’appui du mors. À la descente, on portera le corps en arrière et on soutiendra la bride, de peur que homme et cheval ne culbutent.

Il n’est pas mauvais de varier le lieu des exercices, et de les faire durer tantôt plus, tantôt moins. Le cheval se dégoûte moins que s’il travaille toujours de la même manière et dans le même endroit. Comme il est nécessaire par tous pays que le cavalier, en galopant, soit bien lié à sa monture, et qu’il puisse de dessus son cheval bien user de ses armes, il ne faut pas blâmer l’exercice de la chasse à courre sur des terrains favorables et giboyeux. Si l’on n’en a pas à proximité, voici un bon exercice : deux cavaliers se concertent : l’un fuit à toute bride sur toute espèce de terrains et s’éloigne la lance en ar-