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LE COMMANDANT
DE CAVALERIE[1].


CHAPITRE PREMIER.


Idée générale des devoirs d’un commandant de cavalerie[2].


Avant tout, il faut sacrifier aux dieux[3] et les supplier de ne t’inspirer que des pensées, des paroles et des actions propres à mériter, dans ton commandement, le suffrage du ciel, le tien, celui de tes amis, ainsi que l’affection de la république, élevée à son plus haut point de gloire et de prospérité. Les dieux propices, passe tes cavaliers en revue, soit pour compléter le nombre légal, soit pour veiller au maintien des cadres : car, faute de nouvelles recrues, ils diminueraient de jour en jour. La vieillesse met nécessairement les uns hors de service ; les autres vides se font par différentes raisons. Le corps de cavalerie une fois au complet, il faut veiller à ce que les chevaux soient nourris de façon à supporter les fatigues. Si la force leur manquait, ils ne pourraient ni atteindre l’ennemi, ni échapper par la fuite. Il faut veiller aussi à ce qu’ils soient obéissants : un cheval rétif est plutôt l’allié des ennemis que de ceux de son parti. Les chevaux qui ruent quand on les monte doivent être également réformés : souvent ils font plus de mal que l’ennemi même. Enfin,

  1. Littéralement hipparque ; mais nous n’avons pas employé ce mot, qui est aussi un nom propre, afin d’éviter la confusion.
  2. On croit que ce traité a été écrit par Xénophon pour son fils Gryllus, cher de la cavalerie athénienne à la bataille de Mantinée, et tué dans le combat, après avoir blessé mortellement Épaminondas. Voy. la fin du livre VII de l’Histoire grecque.
  3. Cette recommandation pieuse est fort remarquable dans un homme de guerre, et Xénophon en donne une explication touchante à la fin même de ce traité.