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CHAPITRE V.


Des traces du lièvre, de son gîte, de ses habitudes, de sa complexion, et de quelques préceptes relatifs aux lois de chasse.


Les traces du lièvre sont longues en hiver, à cause de la longueur des nuits, courtes en été par la raison contraire. En hiver, ils ne donnent pas de senteur le matin, quand il y a du givre ou de la glace ; le givre par sa propre force attire à lui et absorbe la chaleur de la trace, et la glace la condense. Cela étant, les chiens ont le sentiment émoussé et ne peuvent éventer, jusqu’à ce que le soleil ou le progrès du jour agisse comme dissolvant. Alors les chiens sentent, et les vapeurs font monter avec elles les fumées de la bête. Une grande rosée, répandue sur ces fumées, les fait disparaître. Il en est de même des longues pluies qui, dégageant les émanations du sol, nuisent au flair jusqu’à ce que la terre soit séchée. Les vents du midi sont pis encore ; ils humectent les traces et les dissipent ; tandis que ceux du nord, si ces traces sont intactes, les fixent et les conservent. Les pluies et les rosées les noient, et la lune, surtout dans son plein, les affaiblit par sa chaleur. Aussi sont-elles alors très-rares, parce que les lièvres, égayés par la clarté, bondissent et s’élancent en se jouant à de grands intervalles. Elles deviennent troubles, quand les renards y ont passé.

Le printemps, vu la douceur de la température, donne des traces nettes, à moins que la terre en floraison ne trompe les chiens, et ne confonde la senteur des plantes avec celle de l’animal.

Elle est légère et peu marquée en été, la chaleur de la terre neutralisant celle de la trace, prompte à se volatiliser ; et de plus les chiens ont moins de nez, parce que leurs corps sont rendus. En automne, la trace est nette : tout ce que produit la terre, en récolte d’une part, a été rentré ; de l’autre, les plantes sauvages sont mortes de vieillesse ; de sorte que les senteurs des fruits ne nuisent plus en se portant sur les traces.

En hiver, en été et en automne, les passées sont généralement droites, mais embrouillées au printemps : car la bête s’accouple toujours, mais particulièrement dans cette saison, ce qui la fait errer çà et là et produire ces espèces