Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/422

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les vaisseaux qui lui ont été décrétés, arme de peltes cinq mille matelots pour qu’ils puissent faire également le service des peltastes, et s’embarque au commencement de l’été pour Samos. Il y reste trois jours, puis il cingle vers Pygéla[1]. Il en ravage le territoire et fait le siége. Quelques habitants de Milet, étant venus au secours des assiégés, poursuivent les troupes légères athéniennes qui se trouvaient dispersées ; mais les peltastes et deux loches d’hoplites viennent soutenir les troupes légères, tuent tous les Milésiens, sauf quelques-uns, s’emparent de deux cents boucliers et élèvent un trophée. Le lendemain, ils cinglent vers Notium[2], et, après y avoir fait leurs préparatifs, ils se dirigent sur Colophon. Les habitants de Colophon se rangent de leur parti. La nuit suivante, ils font une invasion en Lydie, où le blé était mûr, incendient plusieurs villages, et s’emparent de l’argent, des esclaves et d’un riche butin. Le Perse Stagès, qui était dans la contrée, profitant du moment où les Athéniens étaient dispersés hors du camp pour butiner à leur compte, fond sur eux avec sa cavalerie, leur fait un prisonnier et leur tue sept hommes. Thrasyllus, après cet exploit, ramène ses troupes à la mer, afin de voguer vers Éphèse. Tissapherne, devinant son dessein, rassemble une nombreuse armée et dépêche des cavaliers pour exhorter tout le monde à venir à Éphèse défendre Diane.

Thrasyllus, dix-sept jours après l’invasion, fait voile vers Éphèse et débarque ses hoplites près du Coressus[3] ; mais il fait demeurer la cavalerie, les peltastes, les épibates et le reste des troupes près du marais, de l’autre côté de la ville, et, au point du jour, il fait avancer ses deux corps d’armée. Les troupes de la ville marchent à leur rencontre, renforcées des alliés commandés par Tissapherne, et des Syracusains appartenant soit aux vingt vaisseaux nommés plus haut, soit à cinq autres qui se trouvaient arrivés récemment avec les stratéges Euclès, fils d’Hippon, et Héraclide, fils d’Aristogène. Ajoutons-y deux vaisseaux de Sélinonte[4]. Toutes ces troupes marchent d’abord contre les hoplites campés près du Coressus. On les met en fuite, on en tue près de cent, et, après avoir poursuivi les fuyards jusqu’à la mer, on se trouve contre les troupes du marais. Là

  1. Ville d’Ionie.
  2. Cité importante du temps d’Hérodote, mais seulement promontoire et port du temps de Xénophon.
  3. Montagne située à 40 stades de la ville.
  4. Cf. Thucydide, VIII, xxvi.