Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/436

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se trouvait que le même jour les Athéniens soupaient aux îles Arginuses, situées vis-à-vis de Lesbos, non loin du cap Malée[1]. Apercevant des feux pendant la nuit, et apprenant que c’étaient les Athéniens, Callicratidas lève l’ancre vers minuit pour tomber sur eux à l’improviste ; mais il survient une forte pluie et des tonnerres qui l’empêchent de tenir la mer. Au point du jour, l’orage dissipé, il se dirige sur les Arginuses. Aussitôt les Athéniens s’avancent à sa rencontre, l’aile gauche en tête et dans l’ordre suivant : Aristocrate est à l’extrême gauche avec quinze vaisseaux, puis vient Diomédon avec quinze autres ; Périclès[2] est posté derrière Aristocrate, Érasinide derrière Diomédon. Après Diomédon viennent les Samiens avec dix vaisseaux rangés sur une seule ligne ; ils étaient commandés par un Samien, nommé Hippée, et suivis immédiatement par les dix vaisseaux des taxiarques, rangés aussi sur une seule ligne ; venaient ensuite les trois trirèmes des navarques et le reste de la flotte alliée. À la tête de l’aile droite est Protomachus avec quinze vaisseaux, puis Thrasyllus, avec quinze autres ; Protomachus avait avec lui Lysias avec le même nombre de vaisseaux ; Thrasyllus est appuyé par Aristogène. Ils avaient choisi cet ordre de bataille, afin d’empêcher l’ennemi de forcer leur ligne, leurs vaisseaux étant moins bons.

Les trirèmes lacédémoniennes étaient disposées en face, toutes sur un seul rang, et se préparaient à forcer la ligne ennemie pour la prendre à revers, étant plus faciles à manœuvrer. Callicratidas commandait l’aile droite. Hermon de Mégare, son second, lui dit qu’il ne ferait pas mal de se retirer, attendu que les Athéniens avaient la supériorité du nombre. Callicratidas répond que ce ne sera pas un grand malheur pour Sparte, s’il vient à mourir, mais qu’il serait honteux de fuir. Bientôt le combat s’engage : il dure longtemps ; les vaisseaux, d’abord serrés, se dispersent. Callicratidas, jeté dans la mer par un choc de son vaisseau, ne reparaît plus. Protomachus et les siens, à l’aile droite, enfoncent l’aile gauche lacédémonienne. Alors commence la déroute des Péloponésiens, qui s’enfuient, les uns à Chios, la plupart à Phocée. Les Athéniens reviennent aux Arginuses ; ils avaient perdu vingt-cinq vaisseaux avec tous leurs hommes, sauf quelques-uns qui avaient gagné terre ; la perte des Péloponésiens était de neuf vaisseaux lacédémo-

  1. Aujourd’hui le cap Saint-Ange.
  2. C’était un fils naturel du grand Périclès.