Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/470

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soumettent à lui ; mais ces villes, déterminées à rester libres et redoutant Tissapherne, auquel elles avaient préféré Cyrus de son vivant, ne veulent point le recevoir, députent à Lacédémone et prient les Lacédémoniens de vouloir bien, en leur qualité de prostates de la Grèce entière, prendre à cœur les intérêts des Grecs d’Asie, et ne pas permettre que leur pays soit ravagé et qu’ils cessent d’être libres. Les Lacédémoniens leur envoyent donc Thimbron comme harmoste, à la tête d’une armée de mille néodamodes et de quatre mille autres Péloponésiens. Thimbron demande en outre aux Athéniens trois cents cavaliers qu’il s’engage à solder. Ceux-ci lui envoient une partie des cavaliers qui avaient servi sous les Trente, regardant comme un profit pour le peuple leur éloignement et leur perte. Quand ils sont arrivés en Asie, Thimbron lève encore des troupes dans les villes grecques du continent, toutes ces villes étant prêtes à faire ce que voudrait un Lacédémonien. Cependant, avec cette armée, Thimbron, l’œil sur la cavalerie des ennemis, ne descend point en plaine, mais il se contente de préserver du pillage la contrée qu’il occupe. Seulement, lorsque les troupes grecques de Cyrus, revenues heureusement de l’expédition, se sont jointes à lui, il tient aussi tête à Tissapherne dans la plaine, et il prend possession des villes de Pergame, de Teuthranie et d’Halisarne, qui se donnent à lui, et dont les gouverneurs étaient Eurysthène et Proclès, descendants du Lacédémonien Démarate, qui avait reçu ce pays en présent des mains du roi, pour l’avoir accompagné dans son expédition. À lui viennent s’adjoindre encore Gorgion et Gongylus, deux frères possédant, l’un Gambrium et Palégambrium, et l’autre Myrina et Grynium. Ces villes avaient été données par le roi à Gongylus, banni pour avoir été seul, à Érétrie, du parti médique. Tout ce qu’il y a de villes faibles, Thimbron s’en rend maître. Larissa, surnommée l’Égyptienne, n’ayant pas voulu capituler, il campe auprès et l’assiége. Mais voyant qu’il ne peut la prendre qu’en la privant d’eau, il fait creuser un puits et un canal ; puis, comme les assiégés, dans leurs fréquentes sorties, jettent des pierres et des bois dans le canal, il fait construire une tortue de bois au-dessus du puits. Les Larisséens ne manquent pas de venir l’incendier durant la nuit ; et les éphores, voyant que Thimbron n’arrive à rien, lui envoient dire de laisser Larisse et de marcher contre la Carie.

Il était déjà à Éphèse, pour s’avancer vers la Carie, lorsque