Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/483

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cle d’Apollon qui recommande de se garder d’une royauté boiteuse. Toutefois, Lysandre lui réplique, en faveur d’Agésilas, qu’il ne croit pas que le dieu ordonne de se garder d’un véritable boiteux, mais d’un roi qui ne serait pas de sang royal : car c’est bien alors que la royauté serait boiteuse, si les chefs de la cité ne descendaient pas d’Hercule. Les citoyens, après avoir entendu les deux parties, choisissent Agésilas pour roi.

Il n’y avait pas encore un an qu’Agésilas était roi, lorsqu’un jour, où il offrait pour l’État un sacrifice prescrit, le devin s’écrie que les dieux indiquent une conjuration des plus terribles. À un second sacrifice, les signes se déclarent encore plus funestes ; et, comme le roi sacrifiait pour la troisième fois : « Agésilas, lui dit le devin, il semble que nous soyons entourés par les ennemis ; en voilà des signes. » Aussitôt on sacrifie aux dieux protecteurs et aux dieux sauveurs, et l’on s’arrête dès qu’on a obtenu, non sans peine, des signes favorables. Il y avait cinq jours que ces sacrifices étaient achevés, quand un homme vient dénoncer aux éphores une conjuration dont Cinadon est le chef. C’était un jeune homme d’un extérieur et d’une âme annonçant l’énergie ; mais il n’était pas de la classe des égaux. Les éphores demandent comment la chose doit se passer ; le dénonciateur répond que Cinadon l’a conduit à l’extrémité de l’agora et lui a dit de compter les Spartiates qui se trouvaient sur l’agora, « Et moi, dit-il, après avoir compté le roi, les éphores, les sénateurs et quelques autres, une quarantaine en tout, je lui demandai : « Pourquoi donc, Cinadon, m’as-tu fait compter ces gens-là ? » Il me dit : « Ces gens-là, regarde-les comme des ennemis : tous les autres, au contraire, qui se trouvent sur l’agora, au nombre de plus de quatre mille, sont des alliés. » Il ajoute que Cinadon lui a montré dans les rues, ici un homme ; là, deux, qu’il appelait ennemis, tandis que tout le reste était des alliés : de même pour tout ce qu’il y a de Spartiates dans les champs, le maître est un ennemi ; partout, les autres sont des alliés. Les éphores lui demandent quel peut être le nombre des conjurés ; il répond que, sur ce point également, Cinadon lui a dit que les chefs n’ont qu’un petit nombre de complices, mais auxquels on peut se fier : ces complices sont les Hilotes, les Néodamodes, les classes inférieures, les périèques. Or, chaque fois que, parmi ces gens, la conversation tombe sur les Spartiates, il n’y en a pas un seul qui dissimule qu’il ne lui serait