Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/500

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des parcs fermés ou dans des lieux découverts, toutes magnifiques. Autour coulait un fleuve rempli de poissons de toute espèce, et il y avait des volatiles de tout genre pour qui pouvait y chasser. C’est dans cet endroit qu’Agésilas prend ses quartiers d’hiver, et c’est là qu’au moyen d’expéditions de fourrageurs il alimente son armée. Il y avait une grande insouciance, un grand abandon parmi les soldats en quête de vivres, à cause de l’absence de toute résistance, lorsqu’un jour Pharnabaze les surprend éparpillés dans la plaine : il avait des chars armés de faux et quatre cents cavaliers. Les Grecs, en le voyant s’avancer sur eux, se réunissent en courant au nombre de sept cents environ. Cela ne l’arrête point : il fait mettre les chars en avant, et se plaçant lui-même derrière avec ses cavaliers, il donne l’ordre de marcher sur les ennemis. Les chars une fois lancés dispersent le gros de la troupe, et les cavaliers ont bientôt abattu une centaine de soldats. Le reste s’enfuit auprès d’Agésilas, qui était à proximité avec les hoplites.

Trois ou quatre jours après, Spithridate reçoit l’avis que Pharnabaze est campé à Kavé, grand village situé à la distance de cent soixante stades. Il le communique aussitôt à Hérippidas, qui, brûlant de se distinguer par quelque exploit, demande à Agésilas deux mille hoplites, autant de peltastes, les cavaliers de Spithridate, les Paphlagoniens et ceux des Grecs auxquels il persuaderait de le suivre. Cette promesse faite, il offre un sacrifice, qu’il termine le soir quand les présages sont favorables. Il ordonne qu’aussitôt après le repas on vienne se placer devant le camp ; mais, comme il faisait sombre, il ne sort guère que la moitié de chaque troupe.

Cependant Hérippidas, craignant, s’il se laisse intimider, les moqueries des autres Trente, s’avance avec les troupes qu’il a. Au point du jour, il fond sur le camp de Pharnabaze : un grand nombre de Mysiens, qui formaient l’avant-poste, tombent sous ses coups ; les autres s’enfuient ; le camp est pris avec un grand nombre de coupes et autres objets précieux appartenant à Pharnabaze. On lui prend également tout son bagage et les bêtes de somme qui le portaient. Pharnabaze, en effet, craignant toujours, s’il s’établissait quelque part, d’être entouré et assiégé, parcourait le pays dans tous les sens, à la manière des Nomades, et tenait toujours ses campements cachés. Comme les Paphlagoniens et Spithridate emmenaient les riches dépouilles qu’ils avaient prises, Hérippidas les fait dépouiller par des taxiarques et des lochages