Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/524

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Descendant sur le bord des montagnes, ils attaquent l’armée et la harcellent de manière à ce qu’il lui devient impossible d’avancer. Les hoplites et les cavaliers de la phalange qui veulent se mettre à la poursuite des assaillants, ne leur font absolument aucun mal, parce que les Acarnaniens en se retirant arrivent bientôt à des positions inattaquables. Agésilas, sentant alors la difficulté de sortir de ce défilé, tant qu’il serait exposé aux mêmes atteintes, se détermine à attaquer ceux qui inquiètent sa gauche et qui sont très-nombreux : en effet, ce côté de la montagne était plus accessible aux hoplites et aux cavaliers. Pendant qu’il sacrifie, les Acarnaniens le pressent vivement, lançant sur ses soldats des traits et des flèches, et s’avançant si près qu’ils en blessent un grand nombre. Mais dès qu’il a donné l’ordre de l’attaque, ceux des hoplites qui, depuis quinze ans, avaient passé l’adolescence, s’élancent en avant, la cavalerie charge, et lui-même suit avec le reste des troupes. Alors ceux des Acarnaniens qui sont descendus jusqu’en bas, plient aussitôt après avoir lancé au loin quelques traits, et sont tués au moment où ils s’enfuient vers les hauteurs. Cependant les hoplites acarnaniens et la plus grande partie des peltastes étaient rangés en bataille sur le sommet de la montagne, et attendaient là l’ennemi de pied ferme ; ils lancent force traits, se servent de leurs lances comme de javelots, blessent quelques cavaliers et tuent plusieurs chevaux ; mais quand ils sont sur le point d’en venir aux mains avec les hoplites lacédémoniens, ils prennent la fuite et perdent dans cette journée près de trois cents des leurs. Là-dessus Agésilas dresse un trophée, puis il dévaste et incendie les environs : contraint par les Achéens, il attaque aussi quelques villes, mais il n’en perd pas une. Enfin, comme l’automne approchait, il quitte le pays. Toutefois les Achéens estimaient qu’il n’avait rien fait, parce qu’il n’avait pris aucune ville ni de gré ni de force. Ils le prient donc, à défaut d’autre chose, de rester assez longtemps pour empêcher les Acarnaniens d’ensemencer leurs terres ; mais il répond que ce qu’ils disent est contraire à leur propre intérêt. « Pour moi, dit-il, je ferai une nouvelle expédition contre ce pays l’été prochain, et plus les habitants auront semé, plus ils désireront la paix. » Cela dit, il se retire par terre à travers l’Étolie, par une route que l’on ne pouvait faire ni avec beaucoup, ni avec peu de troupes, contre le gré des Étoliens. Cependant ceux-ci lui permettent de traverser leur pays, espérant qu’il leur ferait rendre Naupacte. Mais arrivé au Rhion,