Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 1.djvu/612

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plus même à quatre plèthres des murailles, et, montant sur les buttes tumulaires et sur les éminences du terrain, elles lancent des flèches et des traits sur les ennemis, dont elles tuent, en grand nombre, les plus avancés ; puis, après les avoir mis en fuite, elles les poursuivent l’espace de trois ou quatre stades. Cela fait, les Corinthiens tirent les morts près des murailles, accordent une trêve à l’ennemi pour les relever, et dressent un trophée. Ce succès rend un peu de cœur aux alliés des Lacédémoniens.

Pendant que ces événements ont lieu, les Lacédémoniens reçoivent de Denys un secours de plus de vingt trirèmes. Elles amenaient des Celtes, des Ibères et une cinquantaine de cavaliers. Le lendemain, les Thébains et tous leurs alliés rangés en bataille, de manière à remplir la plaine jusqu’à la mer et aux collines attenantes à la ville, détruisent dans la plaine tout ce qui pouvait être utile. Les cavaleries des Athéniens et des Corinthiens n’approchent guère, à la vue d’une armée ennemie forte et nombreuse. Mais les cavaliers de Denys, malgré leur petit nombre, s’éparpillent çà et là, et, galopant le long de la ligne des ennemis, lancent leurs javelots en s’approchant, puis se retirent dès qu’on s’avance contre eux, et, se retournant ensuite, recommencent à lancer leurs traits. Au milieu de cette manœuvre, ils descendent de cheval et se reposent, et, lorsque l’ennemi veut en profiter pour charger, ils sautent lestement sur leurs chevaux et battent en retraite. Si quelques ennemis se laissent aller à la poursuite loin de l’armée, ils les pressent lorsqu’ils se retirent, leur lancent des javelots et leur font beaucoup de mal. Ils forcent ainsi toute l’armée à s’avancer et à se retirer à cause d’eux.

Cependant les Thébains ne restent plus que quelques jours et regagnent leurs foyers ; leurs alliés en font autant. Alors les troupes de Denys marchent contre Sicyone, défont les Sicyoniens dans la plaine en bataille rangée, et leur tuent environ soixante-dix hommes. Ils prennent d’assaut le fort de Déra. Après ces exploits, les premiers secours de Denys voguent de nouveau vers Syracuse.

Jusque-là, les Thébains et tous les peuples séparés des Lacédémoniens avaient agi de concert, et, dans toutes les expéditions, on avait laissé le commandement aux Thébains. Mais il survint un certain Lycomède de Mantinée, homme qui ne le cédait à personne pour la naissance, et qui, haut placé par la richesse, était en outre ambitieux. Il excite chez les Arcadiens