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L’arrière-garde en tue quelques-uns et en fait d’autres prisonniers après avoir tendu une embuscade. On leur prend une vingtaine de boucliers d’osier, recouverts d’un cuir de bœuf cru avec ses poils.

Cependant les cris augmentent à mesure que l’on approche : de nouveaux soldats se joignent incessamment, au pas de course, à ceux qui crient : plus le nombre croît, plus les cris redoublent, et il semble à Xénophon qu’il se passe là quelque chose d’extraordinaire. Il monte à cheval, prend avec lui Lycius et les cavaliers, et accourt à l’aide. Mais aussitôt ils entendent les soldats crier : Mer ! Mer ! et se féliciter les uns les autres.

Alors tout le monde accourt, arrière-garde, équipages, chevaux. Arrivés tous au sommet de la montagne, on s’embrasse, soldats, stratèges et lochages, les yeux en larmes. Et tout à coup, sans qu’on sache de qui vient l’ordre[1], les soldats apportent des pierres et élèvent un grand tertre. Ils y placent une quantité de boucliers en cuir de bœuf, des bâtons et des boucliers d’osier ; le guide lui-même met les boucliers en pièces et engage les autres à faire comme lui. Les Grecs renvoient ensuite ce guide, après lui avoir donné, de la masse commune, un cheval, une coupe d’argent, un habillement perse, et dix dariques. Il demandait surtout des anneaux, et il en reçut beaucoup des soldats. Il leur indique alors un village où ils cantonneront, et le chemin pour aller chez les Macrons ; puis, le soir venu, il part durant la nuit et disparaît.


CHAPITRE VIII.


Marche à travers le pays des Macrons. — Arrivée aux montagnes des Colques. — Combat contre les barbares. — On descend à Trapézonte, où l’on célèbre des jeux. — Grande joie des Grecs.


Les Grecs font ensuite dix parasanges en trois étapes dans le pays des Macrons. Le premier jour, ils arrivent à un fleuve qui sépare ce pays de celui des Scythins. Ils avaient à droite une montagne très-escarpée et à gauche un autre fleuve, où se jetait celui qui faisait limite et qu’il fallait passer. La rive

  1. On présume que cet ordre émanait de Xénophon lui-même.