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lui dit connaître des villages voisins où l’on peut prendre des vivres : il fait publier par un héraut que quiconque veut aller chercher des vivres n’a qu’à venir avec lui : il les guidera. Il sort du camp, avec des piques, des outres, des sacs et autres ustensiles, environ deux mille hommes. Mais à peine se sont-ils rendus dans les villages et dispersés pour piller, que les cavaliers de Pharnabaze tombent sur eux. Ils étaient venus en aide aux Bithyniens, avec l’intention de s’unir à eux pour empêcher les Grecs d’entrer en Phrygie. Ces cavaliers tuent au moins cinq cents Grecs ; le reste s’enfuit sur la montagne.

Un des fuyards rapporte au camp cette nouvelle. Comme ce jour-là même les victimes n’avaient pas été favorables, Xénophon prend un bœuf d’attelage faute d’autre victime, l’immole et marche au secours des Grecs avec tous les soldats âgés de moins de trente ans. Ils recueillent les débris de la troupe et les ramènent au camp. Le soleil allait se coucher et les Grecs, tout découragée, étaient à souper. Tout à coup, à travers un fourré, des Bithyniens tombent sur les avant-postes, tuent plusieurs soldats et poursuivent les autres jusqu’au camp, un cri s’élève ; tous les Grecs courent aux armes ; il paraît dangereux de poursuivre l’ennemi et de lever le camp pendant la nuit, parce que le pays est fourré ; mais on passe la nuit en armes, après avoir posé des gardes assez fortes pour combattre.


CHAPITRE V.


On assied le camp dans un lieu sûr. — Marche contre l’ennemi. — Éloquence et bravoure de Xénophon. — Victoire sur les Bithyniens et les troupes de Pharnabaze.


La nuit se passe ainsi. Le lendemain, au point du jour, les stratèges conduisent l’armée dans le poste fortifié : les soldats suivent avec armes et bagages. Avant l’heure du repos, l’espace étroit qui donne entrée en ce lieu est retranché par un fossé qu’on creuse et dont on palissade le revers, en n’y laissant que trois portes. Arrive alors un bâtiment d’Héraclée apportant de la farine d’orge, des bestiaux et du vin.

Levé de bonne heure, Xénophon sacrifie pour obtenir des dieux la sortie du camp : les signes sont favorables dès la première victime. À la fin du sacrifice, le devin Arexion de Parrha-