Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les enfants ne mangent pas chez leur mère, mais chez l’instituteur et aux heures que les gouverneurs prescrivent. Ils apportent de chez eux, pour nourriture principale, du pain, et pour assaisonnement, du cresson, puis une tasse pour aller boire, quand ils ont soif, en puisant à la rivière. En outre, ils apprennent à tirer de l’arc, à lancer le javelot. Tels sont les exercices des enfants depuis leur naissance jusqu’à seize ou dix-sept ans : après quoi ils entrent dans la classe des adolescents.

Voici, pour les adolescents, quel est leur régime : durant dix ans, à dater de leur sortie de l’enfance, ils couchent autour des édifices publics, comme nous l’avons dit plus haut, pour veiller à la sûreté de la ville et pratiquer la tempérance. Cet âge, en effet, a besoin d’une surveillance toute spéciale. Le jour, ils s’offrent à leurs gouverneurs qui disposent d’eux, s’il y a lieu, pour le service public ; ou bien, s’il le faut, ils demeurent tout près des édifices du gouvernement. Quand le roi sort pour la chasse, ce qu’il fait plusieurs fois le mois, il emmène la moitié de cette garde. Il faut que ceux qui sortent avec lui aient un arc, un carquois, et dans le fourreau un sabre ou une sagaris, puis un bouclier d’osier et deux javelots, afin de lancer l’un, et d’avoir l’autre en main, s’il est nécessaire. Or, si les Perses font de la chasse un exercice public, si le roi, comme s’il marchait en guerre, se met à la tête des chasseurs, s’il chasse lui-même et veille à ce que chacun fasse son devoir, c’est que cet exercice lui paraît la véritable école de la guerre. En effet, il habitue à se lever matin, à supporter le froid et le chaud ; il exerce aux marches, aux courses, et force à tirer de l’arc sur la bête, à lancer le javelot, de quelque part qu’elle arrive. Souvent aussi, de toute nécessité, la chasse aiguise l’âme, quand on a devant soi des bêtes vigoureuses ; car alors il faut que le chasseur frappe la bête qui se présente de près ou s’en garantisse quand elle fond sur lui. Il serait donc difficile de trouver dans la chasse quelque chose qui ne se retrouvât pas dans la guerre.

Quand ils sortent pour la chasse, ils prennent avec eux des vivres pour un repas qui, sans différer de celui des enfants, est naturellement plus copieux. Tant que la chasse dure, ils ne mangent point ; mais si la bête qu’ils poursuivent les oblige à s’arrêter ou qu’ils veuillent, pour tout autre motif, prolonger la chasse, ils mangent ce qu’ils ont, et chassent de nouveau jusqu’au souper, et ils ne comptent les deux journées que pour