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parez-vous. — Compte que nous serons prêts et que nous aurons tout ce que mon père doit nous donner. » Les soldats, après une réception hospitalière, vont prendre du repos.


CHAPITRE II.


Soumission et alliance des Chaldéens. — Envoi d’une députation au roi des Indiens.


Le lendemain, Cyrus, prenant avec lui Tigrane, les meilleurs cavaliers des Mèdes, et ceux de ses amis qu’il juge convenable d’emmener, parcourt à cheval le pays, pour examiner où il peut construire un fort. Arrivé à une éminence, il demande à Tigrane où sont les montagnes d’où les Chaldéens descendent pour marauder. Tigrane les lui montre. Cyrus lui demande : « Et maintenant, sont-elles abandonnées ? — Non, par Jupiter ! il y a là leurs espions, qui donnent avis aux autres de tout ce qu’ils voient. — Et que font-ils, ainsi avertis ? — Ils arrivent à la défense des montagnes, chacun de son mieux. » Après cette réponse, Cyrus remarque qu’une grande partie du pays des Arméniens est abandonnée et inculte à cause de la guerre[1]. Ils retournent alors au camp, soupent et vont se reposer.

Le jour suivant, Tigrane arrive avec tout son équipage ; il avait rassemblé environ quatre mille cavaliers, près de dix mille archers et autant de peltastes. Pendant que ces troupes se réunissent, Cyrus offre un sacrifice. Les présages ayant été favorables, il rassemble les chefs des Perses, ainsi que ceux des Mèdes, et leur tient ce discours : « Mes amis, ces montagnes que nous voyons sont aux Chaldéens : mais, si nous en devenons maîtres, et si nous construisons un fort sur le sommet, il faudra bien que les Arméniens et les Chaldéens soient sages avec nous. Les présages sont favorables, Et d’ailleurs, dans une entreprise qui dépend de l’activité humaine, il n’y a pas de meilleur auxiliaire que la promptitude. Si nous atteignons le haut de la montagne avant que les Chaldéens s’y assemblent, ou nous nous y établirons sans coup férir, ou du moins nous n’aurons affaire qu’à des ennemis faibles et peu nombreux, Il n’y a pas d’entreprise plus facile ni moins périlleuse, si nous

  1. Cf. Bossuet, Hist. univ., p. 357 de l’édit. Charpentier.