Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/303

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Que Cyrus revienne donc, s’il le veut ; mais vous, du moins, revenez au plus vite. » Tels sont les ordres qu’il envoie. L’envoyé lui répond : « Mais, seigneur, où les trouverai-je ? — Par la route où Cyrus et les siens ont été trouver les autres. — Mais, par Jupiter, dit l’envoyé, l’on m’a dit qu’il était venu ici quelques Hyrcaniens, déserteurs de l’ennemi, et qu’ils leur avaient servi de guides. » À ces mots, Cyaxare, beaucoup plus irrité de ce que Cyrus ne lui en avait rien dit, envoie avec plus de hâte encore vers l’armée des Mèdes, afin de l’affaiblir, et prend un ton plus menaçant contre les Mèdes qu’il rappelle et contre l’envoyé, s’il n’exécute pas sa commission avec vigueur.

L’envoyé part à la tête d’une centaine de cavaliers, fort affligé de n’avoir pas lui-même suivi Cyrus. Arrivé à un endroit où le chemin se partage en plusieurs routes, il en prend une qui les égare, et ils ne rejoignent l’armée de Cyrus qu’après avoir rencontré par hasard un détachement ami d’Assyriens fugitifs, qu’ils obligent de les conduire vers Cyrus : encore n’y arrivent-ils qu’en voyant des feux et au milieu de la nuit. Quand ils sont près du camp, les guides, conformément aux ordres de Cyrus, ne les laissent pas entrer avant le jour. Dès la pointe du jour, Cyrus, faisant appeler les mages, leur ordonne de choisir dans le butin les dons qu’il était d’usage d’offrir aux dieux, pour reconnaître leurs faveurs ; et, pendant qu’ils exécutent cet ordre, il convoque les homotimes et leur dit :

« Soldats, c’est à la Divinité que nous devons toutes ces richesses ; mais, nous autres Perses, nous sommes en ce moment trop peu nombreux pour les garder. D’une part, si nous ne veillons pas à la garde de ces biens que nous avons pris, ils retomberont en d’autres mains ; de l’autre, si nous laissons ici des troupes pour les garder, nous paraîtrons nous être dépouillés de toute notre force. Je suis donc d’avis que quelqu’un de vous aille au plus tôt instruire les Perses de la situation que je dis, et les presser de nous envoyer sans délai un renfort, si les Perses aspirent à l’empire de l’Asie et à la possession de toutes ses richesses. Va donc, toi qui es le plus âgé, va leur dire ce qu’il en est ; dis-leur que les soldats qu’ils nous enverront, une fois arrivés, c’est moi qui me charge de leur nourriture. Tu vois les trésors que nous avons ; ne leur cache rien. Pour les biens que j’envoie en Perse, comme je veux agir pieusement et légalement, consulte mon père sur la part qui revient aux siens, et les magistrats sur celle qui revient au trésor. Qu’on nous envoie aussi des inspecteurs qui examinent ce qui