Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/304

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se passe ici, et des conseillers que nous puissions consulter Et maintenant prépare-toi et prends un loche pour escorte. »

Il fait ensuite appeler les Mèdes. L’envoyé de Cyaxare paraît au milieu d’eux, et parle publiquement de la colère de Cyaxare contre Cyrus, de ses menaces contre les Mèdes, et finit par dire qu’il ordonne aux Mèdes de revenir chez eux, lors même que Cyrus voudrait rester. À ces paroles de l’envoyé, les Mèdes demeurent silencieux, ne sachant s’ils doivent obéir à cet appel, et craignant l’effet des menaces d’un roi dont ils connaissent la dureté. Cyrus dit : « Pour ma part, messager, et vous, Mèdes, je ne m’étonne pas que Cyaxare, en voyant une foule d’ennemis, et ignorant nos succès, tremble pour nous et pour lui ; mais quand il saura qu’un grand nombre d’ennemis sont morts et que tous sont en fuite, d’abord il cessera de craindre, puis il reconnaîtra qu’il n’a pas été abandonné, puisque ses amis détruisaient ses ennemis. Le moyen, en effet, de se plaindre de nous qui le servons si bien, et qui n’entreprenons rien de notre propre mouvement ? Pour moi, ce n’est qu’après avoir obtenu de lui qu’il me laissât vous emmener avec moi que j’agis de la sorte ; et vous, vous n’avez point demandé à partir comme des gens qui veulent s’en aller, et vous êtes venus ici sur l’invitation qu’il en avait faite à quiconque voudrait bien me suivre. Sa colère, j’en suis sûr, tombera devant nos succès, et disparaîtra quand cesseront ses craintes. De ton côté, dit-il, messager, va te reposer, car tu dois être fatigué ; et nous, Perses, puisque nous présumons que les ennemis approchent, ou pour combattre ou pour se soumettre, rangeons-nous en bataille dans le meilleur ordre : en nous montrant ainsi, peut-être avançons-nous la réalisation de nos projets. Et toi, chef des Hyrcaniens, prends sur toi d’ordonner à tes chefs de mettre leurs soldats sous les armes. »

L’Hyrcanien transmet cet ordre et vient rejoindre Cyrus, qui lui dit : » Je vois avec plaisir, Hyrcanien, que non-seulement tu nous donnes des preuves d’amitié, mais que tu me parais avoir de l’intelligence. Il st clair que nous avons aujourd’hui les mêmes intérêts. Les Assyriens sont mes ennemis, mais ils sont encore plus tes ennemis que les miens. Agissons donc de concert, afin qu’aucun de nos alliés ne nous abandonne, et que nous en attirions de nouveaux, si nous pouvons. Tu as entendu le Mède qui rappelle ses cavaliers : s’ils s’en vont, nous ne resterons ici que des fantassins. Il faut donc que nous fassions en sorte, moi et toi, que celui qui les rappelle désire lui-