Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/423

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par derrière ; mais il croyait que la tactique est de savoir diviser ses troupes, quand les circonstances l’exigent, les distribuer aux postes les plus avantageux, et se hâter quand il faut gagner de vitesse ; c’était de toutes ces diverses parties que se formait, à son avis, le talent du vrai tacticien, et il n’en négligeait aucune. Dans les marches, il variait les ordres suivant les conjonctures ; toutefois dans les campements il changeait rarement l’ordonnance dont je viens de parler.

Dès que l’armée est entrée en Médie, Cyrus se dirige vers Cyaxare. Les premiers embrassements terminés, Cyrus dit à Cyaxare qu’il lui réserve un palais à Babylone, afin qu’il y trouve, quand il voudra aller en Assyrie, une habitation dont il soit le maître. En même temps, il lui offre des présents nombreux et de grand prix. Cyaxare les accepte, fait présenter à Cyrus, par sa fille, une couronne d’or, des bracelets, un collier et une superbe robe médique. Pendant que la jeune fille couronne Cyrus, Cyaxare lui dit : « C’est ma fille, Cyrus ; je te la donne pour femme : ta mère épousa de même la fille de mon père, de laquelle tu es né ; ma fille est cette enfant que tu ne cessais de caresser ici, dans l’on enfance : si quelqu’un alors lui demandait avec qui elle se marierait, elle répondait : « Avec Cyrus. » Je lui donne pour dot la Médie tout entière, puisque je n’ai point de fils légitime. » Ainsi parle Cyaxare. Cyrus répond : « Je comprends, Cyaxare, tout le prix de l’alliance, de ta fille et de la dot ; mais je veux, avant de te répondre, avoir le consentement de mon père et de ma mère. » Ainsi parle Cyrus ; il ne manque pas toutefois de faire à la jeune fille les présents qu’il croit devoir lui plaire, ainsi qu’à Cyaxare ; et cela fait, il prend la route de la Perse.

Arrivé sur les frontières de la Perse, il y laisse le gros de son armée, et s’avance vers la ville avec ses amis, amenant pour tous les Perses une grande quantité de bétail, soit pour les sacrifices, soit pour les félins : il apporte aussi des présents pour son père, sa mère, ses amis, les magistrats, les vieillards et tous les homotimes. Il fait à tous les Perses, hommes et femmes, des largesses telles que les font encore les rois, quand ils visitent le pays. Alors Cambyse rassemble les vieillards perses, ainsi que les magistrats, dont l’autorité est souveraine, et leur parle ainsi :

« Perses, et toi, Cyrus, j’ai pour vous, vous le savez, la plus vive affection : je suis, en effet, votre roi, et toi, Cyrus, tu es mon fils. Il est donc juste que tout ce que je crois avantageux