Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/452

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Cela fait, il revient chez lui. Bientôt, sollicité par les Achéens, qui lui demandent du secours contre l’Acarnanie, dont les soldats les serrent de près dans les défilés, il s’empare, avec des troupes légères, des hauteurs qui dominent l’ennemi, livre un combat, en tue un grand nombre, érige un trophée et ne se retire qu’après avoir procuré aux Achéens l’amitié des Acarnaniens, des Étoliens et des Argiens, et à lui leur alliance. Cependant les ennemis, désirant la paix, envoient des députés : Agésilas s’oppose à la paix, jusqu’à ce qu’il ait forcé les villes de Corinthe et de Thèbes à rappeler ceux qu’ils avaient exilés à cause des Lacédémoniens. Marchant ensuite lui-même sur Phlionte, il ramène les Phliontins exilés pour le même motif. Et si l’on trouve d’ailleurs à reprendre dans cette conduite, on conviendra, toutefois, qu’elle provenait d’une affection sincère. Par exemple, à Thèbes, la garnison lacédémonienne ayant été tuée par la faction ennemie, il marcha sur Thèbes pour la venger. Trouvant les chemins retranchés et garnis de palissades, il franchit les Cynoscéphales[1], ravage le pays jusqu’aux portes de la ville, et présente le combat aux Thébains, en leur laissant le choix de la plaine ou des hauteurs. L’année suivante, il fait une nouvelle expédition contre Thèbes, et franchissant les palis et les fossés auprès de Scole[2], il ravage le reste de la Béotie.

Jusque-là, il avait joui, ainsi que sa patrie, d’un bonheur commun : quant aux échecs qui survinrent, on ne saurait les imputer au commandement d’Agésilas[3]. Après le désastre de Leuctres, les Thébains, de concert avec les Mantinéens, avaient fait mourir à Tégée les amis et les hôtes d’Agésilas. Bien que tous les Béotiens, les Arcadiens et les Éléens, fussent ligués ensemble, il se met en campagne avec les seules forces de Lacédémone, contre l’opinion du grand nombre que les Lacédémoniens ne sortiraient pas de longtemps, ravage le pays de ceux qui avaient tué ses alliés, et ne rentre qu’ensuite dans sa patrie. Bientôt après, Lacédémone est attaquée par tous les Arcadiens, aidés des Argiens, des Éléens, des Béotiens, des Phocéens, des habitants des deux Locrides, des Thessaliens, des Énians, des Acarnaniens et des Eubéens[4] ; les esclaves s’étaient soulevés, ainsi que plusieurs villes voisines, et une foule de Spartiates avaient péri ou étaient restés à Leuctres ; il n’en défendit

  1. Montagnes entre Thespies et Thèbes.
  2. Bourg de la Parasopie, au pied du Cithéron.
  3. À cause de sa maladie. — Cf. Hist. Gr. V, IV ; Plutarque, Agésil., XXVII,
  4. Épaminondas était à la tête de ces troupes alliées.