Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/453

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pas moins la ville, quoique dégarnie de murailles, ne se montrant point aux endroits où les ennemis pouvaient avoir l’avantage, mais rangeant résolument ses troupes où il comptait sur le succès de ses concitoyens : il pensait bien qu’en sortant dans la plaine il serait investi de toutes parts, tandis qu’en restant dans les défilés ou sur les hauteurs, il était sûr de la victoire.

Lorsque enfin l’armée ennemie se fut retirée, le moyen de ne pas rendre hommage à son bon sens ? Comme son grand âge ne lui permettait plus de combattre soit dans l’infanterie, soit dans la cavalerie, et qu’il voyait sa patrie à court d’argent, pour trouver quelques alliés, il se chargea de lui en procurer. Tout ce qu’il peut faire, il le met en œuvre dans le pays même, puis, le moment venu, il n’hésite point à partir, et ne rougit pas de servir, comme député, sa patrie, à laquelle il n’est plus bon comme soldat. Cependant, il fit encore dans son ambassade les actes d’un grand général. Autophradate[1], qui assiégeait dans Assus[2] Ariobarzane, allié de Sparte, craignant Agésilas, prend la fuite. Cotys[3], qui assiégeait Sestos, ville de la dépendance d’Ariobarzane, lève aussi le siège et se retire. Aussi l’on eut raison de lui ériger un trophée pour son triomphe sur l’ennemi durant son ambassade. Mausole[4] du côté de la mer, tenait assiégées, avec cent vaisseaux, les deux places déjà nommées ; à défaut de la crainte, la persuasion le fit retourner dans son pays. Et voici un fait qui est digne d’admiration ; c’est que ceux qui pensaient lui avoir des obligations, aussi bien que ceux qui avaient fui devant lui, lui donnèrent de l’argent. Mausole[5], en considération de leur ancienne hospitalité, lui remit sur-le-champ des fonds pour Lacédémone ; après quoi, tous lui firent cortège jusque dans sa patrie, en lui donnant une magnifique escorte.

Il avait alors près de quatre-vingts ans[6]. Instruit crue le roi d’Égypte[7] veut faire la guerre à celui de Perse, qu’il a une nombreuse infanterie, beaucoup de cavaliers et de l’argent à discrétion, il apprend avec plaisir que ce prince le mande et lui

  1. Satrape de Lydie.
  2. Ville de la Troade.
  3. Roi des Paphlagoniens.
  4. Seigneur de Carie. Cf. Diodore de Sicile, XV, 90.
  5. Le texte de ce passage est fort controversé. J’ai suivi Weiske et Heiland.
  6. Cf. Cornélius Nepos, Agésil., VIII, et Plutarque, Agésil., XXXVI.
  7. Il y a controverse sur le nom de ce roi d’Égypte. Les uns prétendent que c’est Tachius, d’autres affirment que c’est Néphrée. Voy. les éléments de la discussion dans C. Heiland, p. 42, 43 et 44.