Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/486

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dre part à l’expédition. Cela fait qu’on ne manque jamais du nécessaire, puisqu’il n’est rien qui n’ait été prévu.

Voici encore quelques pratiques de Lycurgue fort utilement imaginées, selon moi, pour la lutte à main armée. Lorsqu’on est en présence des ennemis, on immole une chèvre, et la loi ordonne à tous les joueurs de flûte présents de jouer de leur instrument, et à chaque Lacédémonien de porter une couronne : il leur est également prescrit d’avoir leurs armes bien polies. On permet de même aux soldats des jeunes recrues de s’avancer au combat parés et brillants[1] Ils servent à transmettre les ordres à chaque énomotarque, qui, placé à l’extrémité de son énomotie, n’est pas à portée d’entendre ; tandis que c’est l’affaire du polémarque, de veiller à ce que tout aille comme il faut. D’ailleurs l’opportunité et l’emplacement convenables à l’assiette du camp sont entièrement laissés à la disposition du roi. C’est aussi lui qui envoie les députations aux peuples amis ou ennemis ; en un mot, du roi dépend toute initiative. S’il s’agit de justice, il renvoie aux hellanodices[2] ; d’argent, aux trésoriers ; de butin pris sur l’ennemi, aux laphyropoles[3] : cela réglé, le roi n’a plus d’autre soin envers les dieux que les fonctions de prêtre, envers les hommes que celles de général.



CHAPITRE XV[4].


Conclusion.


Quant à la question de savoir si, à mon avis, les lois de Lycurgue sont demeurées jusqu’à nous dans leur intégrité primitive, je n’oserais, par Jupiter, la décider. Je sais que les premiers Lacédémoniens aimaient mieux vivre chez eux dans une heureuse médiocrité, que de gouverner des villes conquises et recevoir des hommages corrupteurs. Je sais qu’en un temps ils craignaient d’être pris à posséder de l’or, et que maintenant ils se font gloire d’en posséder. Je sais que jadis ils ont, pour ce motif, exclu les étrangers de chez eux[5], et interdit les voya-

  1. Passage controversé.
  2. Juges.
  3. Commissaires chargés de vendre le butin.
  4. Ce chapitre est considéré comme apocryphe par plusieurs éditeurs. Fr. Haase ne doute pas de son authenticité.
  5. Les Grecs donnaient le nom de Xénélasie à cette intolérance civile.