Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/50

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pouvoir pour n’être pas vaincus en générosité. » Ainsi parla Cléarque.

Après l’avoir entendu, Tissapherne reprend : « Je transmettrai ce discours au roi, et à vous ensuite ses intentions. Jusqu’à mon retour, que la trêve subsiste ; nous vous fournirons un achat de vivres. » Le lendemain, il ne reparut point : les Grecs déjà étaient inquiets. Le troisième jour, il vint et dit qu’il avait obtenu du roi la permission de sauver les Grecs, malgré la résistance d’un grand nombre, qui prétendaient contraire à la dignité du roi de laisser aller des gens qui avaient porté les armes contre lui. « Enfin, dit-il, vous pouvez recevoir de nous l’assurance que notre pays ne vous sera point hostile, et que nous vous guiderons loyalement vers la Grèce, en vous fournissant des achats de vivres. Que si nous ne vous en fournissons pas, nous vous permettons de prendre sur le pays même ce qui sera nécessaire à votre subsistance. Mais vous, il faut que vous nous juriez de passer partout comme en pays ami, sans coup férir, ne prenant de quoi manger et de quoi boire que quand nous ne vous en fournirons point l’achat ; et, quand nous vous le fournirons, achetant ce qu’il faut pour vivre, » Ces conditions sont arrêtées ; on fait serment et l’on se donne la main, Tissapherne et le frère de la femme du roi aux stratéges et aux lochages des Grecs, et ceux-ci à Tissapherne. Alors Tissaphern leur dit : « Maintenant je retourne auprès du roi ; quand j’aurai terminé ce que je dois faire, je reviendrai avec mes équipages pour vous ramener en Grèce et retourner moi-même dans mon gouvernement. »


CHAPITRE IV.


On attend Tissapherne. — Ariée devient suspect aux Grecs. — Tissapherne de retour devenant également suspect, les Grecs marchent séparément et établissent leur camp à distance. — Arrivée à la muraille de Médie. — Perfidie des Perses. — Suite de la marche.


Après cela les Grecs et Ariée, campés les uns près des autres, attendent Tissapherne plus de vingt jours. Pendant ce temps, Ariée reçoit les visites de ses frères et autres parents : des Perses viennent également le trouver pour le rassurer et lui promettre, sur la foi du roi, que le roi ne se souvient plus de leur alliance avec Cyrus, ni de rien de ce qui s’est passé. Les choses en étant