Page:Xénophon - Œuvres complètes, éd. Talbot, tome 2.djvu/78

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nombre, il n’avait rien perdu, et leur avait fait beaucoup de mal, du moins il le croyait.

Les Grecs avaient passé le ravin et en étaient à huit stades, quand Mithridate le traversa avec son détachement. On avait ordonné à un nombre déterminé de peltastes et d’hoplites de fondre sur l’ennemi, et à la cavalerie de poursuivre les fuyards, avec l’assurance de la soutenir. Mithridate les ayant rejoints et se trouvant déjà à la portée de la fronde et de la flèche, la trompette sonne chez les Grecs : aussitôt ils courent en masse, suivant l’ordre, et les cavaliers s’élancent. Les Barbares ne les attendent pas et fuient vers le ravin. Dans cette déroute, les Barbares perdent beaucoup d’infanterie, et l’on prend vivants, dans le ravin même, dix-huit de leurs cavaliers. On les tue, et les Grecs, sans en avoir reçu l’ordre, les mutilent pour inspirer plus de terreur aux ennemis.

Après ce coup, les ennemis s’éloignent. Les Grecs marchent le reste du jour sans inquiétude et arrivent au bord du Tigre. Là se trouve une ville grande, mais déserte, nommée Larissa[1]. Elle était jadis habitée par les Mèdes. Son mur a vingt-cinq pieds d’épaisseur sur cent de hauteur, et deux parasanges de tour : il est bâti de briques, mais les fondements sont de pierres de taille jusqu’à la hauteur de vingt pieds. Lorsque les Perses enlevèrent l’empire aux Mèdes, le roi de Perse, qui l’assiégeait, ne pouvait d’aucune manière s’en rendre maître ; mais un nuage ayant fait disparaître le soleil, les assiégés perdirent courage, et la ville fut ainsi prise. Près de la ville était une pyramide de pierre, ayant un plèthre de longueur à la base et deux de hauteur. Quantité de Barbares s’étaient réfugiés à Larissa des villages voisins.

L’armée fait ensuite une étape de six parasanges, et arrive près d’une grande muraille abandonnée, qui s’étend près d’une ville nommée Mespila. Elle était jadis habitée par les Mèdes. La base, construite d’une pierre polie incrustée de coquilles, a cinquante pieds d’épaisseur et cinquante de hauteur. Sur cette base s’élève un mur de briques d’une épaisseur de vingt-cinq pieds sur cent de hauteur et deux parasanges de tour. On raconte que Médée, femme du roi, s’y réfugia lorsque l’empire des Mèdes fut détruit par les Perses. Le roi des Perses assié-

  1. Le savant Bochart croit que la ville nommée Larissa par Xénophon est la même que celle qui est appelée Resen dans la Genèse, chap. x, vers. 12.