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MÉMOIRES DE HIOUEN-THSANG, L. III.

(Avalôkitêçvara Bôdhisattva). Les effets de sa puissance divine se répandent d’une matière mystérieuse, et ses miracles brillent avec éclat. Les disciples de la loi (les religieux) accourent en foule, et y font continuellement des offrandes.

À cent quarante ou cent cinquante li, au nord-ouest de la statue de Kouan-tseu-t’saï-pou-sa (Avalôkitêçvara Bôdhisattva), on arrive à la montagne de Lan-po-lou. Sur le passage de cette montagne, il y a un étang de dragons (Nâgahrada), qui a environ trente li de circuit. Ses flots azurés se déroulent au loin ; ses eaux sont claires et pures comme un miroir. Jadis, le roi Pi-lou-tse-kia (Viroûdhaka) ayant attaqué les descendants de Çâkya, il y eut quatre hommes qui, pour avoir résisté à son armée, se virent chassés par leurs proches parents. Chacun d’eux s’enfuit de son côté. Un de ces Çâkyas, après avoir quitté la capitale du royaume, voyagea par terre et par eau, et, se trouvant harassé de fatigue et exténué, s’arrêta au milieu de sa route. Dans ce moment, il y eut une oie qui, d’un vol rapide, s’élança au-devant de lui. Quand il l’eut apprivoisée, il monta sur son dos. L’oie s’éleva dans les airs, et vint s’abattre à côté de cet étang. Le descendant de Çâkya voyagea ainsi dans les airs, et visita au loin des royaumes étrangers. Un jour qu’il s’était égaré et ne pouvait reconnaître sa route, il se coucha à l’ombre d’un arbre et s’y endormit. La jeune fille du dragon de cet étang, se promenant au bord de l’eau, aperçut soudain le descendant de Çâkya, et, craignant de n’être pas digne de