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Elle n’en convint pas en elle-même, et se jugea bien inférieure à Walter, elle qui se sentait si faible, si oisive ! Mais elle ne put le dire, les paroles ne venaient pas. Elle se contenta de baisser sa petite tête en signe d’humiliation. Il continua :

— J’ai eu tort en quelque chose ; mais en quoi ? Est-ce en m’obstinant à me priver d’un plaisir contre l’avis de votre mère ? C’est qu’elle ne sait pas tout ! J’ai cru que c’était seulement son amitié pour moi qui lui faisait désirer que je m’amusasse, et chacun est bien libre de ne pas s’amuser, si cela ne lui plaît pas.

— Oui, peut-être… dit Amy avec hésitation.

— Que voulez-vous dire ? demanda-t-il avec un ton de déférence.

— Je pense seulement, ajouta Amy, qu’il faudrait peut-être se demander quelquefois si l’on ne cause aucune peine aux autres en se refusant aux plaisirs.

— C’est cela, dit Walter. Voilà une règle : Je ne dois pas me tenir à l’écart, quand le plaisir des autres dépend du mien. Seulement je ne crois pas que personne ait senti mon absence au bal.

Amy aurait pu répondre qu’elle s’en était bien aperçue ; mais sa pudeur de jeune fille lui permit seulement de dire :

— Nous espérions tous que vous seriez venu.

— Et je n’avais pas le droit de diminuer votre joie. Je le vois à présent.

— Walter, si vous ne me trouvez pas indiscrète, demanda encore Amy, j’aimerais à savoir pourquoi