Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/117

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Béziers, sa riche vallée, ses cours d’eau et un bel horizon de montagnes.

Béziers a une belle promenade ; les Anglais commencent à préférer cette ville à Montpellier à cause de l’air. Pris le chemin de Pézenas. Il gravit une colline d’où l’on découvre la Méditerranée.

Dans tout ce pays, surtout dans les bois d’oliviers, la cigale fait retentir son cri constant, aigu, monotone ; on ne saurait imaginer de compagnie plus odieuse, Pézenas domine un très beau pays, une vallée de six à huit lieues toute cultivée ; mélange de vignes, de mûriers, d’oliviers, de villas et de fermes éparses, beaucoup de belles luzernes, le tout encadré de collines cultivées jusqu’au sommet. Au souper, à table d’hôte, nous fûmes servis par une fille sans bas ni souliers, d’une laideur repoussante, et sentant plus fort, mais non pas mieux que roses. Il y avait cependant un chevalier de Saint-Louis et deux ou trois marchands, à en juger par les apparences, bavardant avec elle très familièrement : à un repas de fermiers, dans le marché le plus pauvre et le plus écarté de l’Angleterre, un tel animal ne serait souffert ni par le maître dans sa maison, ni par les hôtes dans leur salle à manger. — 32 milles.

Le 25. — Magnifique viaduc accompagnant un pont long de plus d’un mille, large de dix yards, haut de huit à douze pieds ; de six en six yards de chaque côté s’élèvent des colonnes en pierres ; c’est un ouvrage prodigieux. Je ne sais rien d’aussi remarquable pour le voyageur que les routes du Languedoc : nous n’avons pas en Angleterre l’idée de tels efforts ; c’est superbe, splendide. Si je pouvais aussi bien chasser de mon esprit le souvenir des taxes injustes qui les soutiennent,