Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/134

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Le 13. — L’agréable tableau d’hier se déroule encore devant nos yeux : beaucoup de petites propriétés, toutes les apparences du bonheur champêtre. Navarreins est une petite ville murée et fortifiée, ayant trois rues principales, qui se coupent à angle droit, et une petite place. Des remparts on domine une belle campagne. La fabrication de la toile est très répandue. Jusqu’à Saint-Palais, le pays est le plus souvent enclos, et, en général, par des haies admirablement venues et soigneusement coupées. — 25 milles.

Le 14. — Pris un guide de Saint-Palais pour me conduire à quatre lieues de là, à Auspan (Hasparren). Jour de foire, la place est remplie de fermiers ; j’ai vu la soupe qu’on leur préparait : c’était une montagne de tranches d’un pain de couleur peu ragoûtante, une grande masse de choux, de la graisse et de l’eau, et pour quelques vingtaines de personnes, à peu près autant de viande qu’en eussent mangé six fermiers anglais, en grognant contre leur hôte pour sa parcimonie. — 26 milles.

Le 15. — Bayonne est de beaucoup la plus jolie ville que j’aie vue en France : non seulement les maisons sont en pierre et bien bâties, mais les rues sont larges, et il y a beaucoup de vides qui, sans former de places régulières, sont d’un bon effet. La rivière est large, beaucoup de maisons lui font face, ce qui, du pont, forme une belle perspective. La promenade est charmante ; les allées d’arbres, dont les têtes se croisent en berceau, donnent un ombrage délicieux dans ce climat brûlant. Le soir elle était remplie de personnes de bonne mine ; les femmes de ce pays sont les plus belles que j’aie vues en France. Sur mon chemin, depuis