Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/137

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et propre, et chose extraordinaire, j’avais un salon pour moi seul, et la fille qui me servait était fort convenable et mise avec soin. Il avait plu si fort deux heures avant mon arrivée, que mon surtout de soie était traversé ; ma vieille hôtesse ne s’en pressa pas davantage de me faire du feu. Pour souper j’eus le souvenir de mon dîner. — 35 milles.

Le 19. — Beek (Vic) semble une florissante petite ville à en juger par les maisons qui s’y construisent. La Clef-d’Or est une nouvelle auberge, grande et bien tenue.

Une observation générale que je puis faire sur les deux cent soixante-dix milles qui séparent Bagnères-de-Luchon d’Auch, c’est que tout, à quelques exceptions près, est enclos, et que les fermes sont dispersées ça et là, au lieu d’être groupées en villes comme dans beaucoup d’autres provinces françaises. Je n’ai presque pas rencontré de châteaux modernes ; en général, ils sont d’une rareté surprenante. Je n’ai pas vu non plus de voiture de maître, pas un cavalier qui semblât un gentilhomme en train de faire des visites à ses voisins. En somme, pas de noblesse. À Auch, mes amis se trouvaient au rendez-vous, prêts à partir pour Paris. La ville n’a presque ni industrie, ni commerce ; elle ne se nourrit que des revenus de la campagne. Il y a beaucoup de nobles dans la province, mais trop pauvres pour vivre ici : si pauvres en vérité, que quelques-uns d’entre eux labourent leurs champs eux-mêmes ; il pourrait bien se faire qu’ils soient pour la société des membres plus estimables que les sots et les fripons qui les tournent en ridicule. — 31 milles.

Le 20. — Fleuran (Fleurance) ; on y trouve de belles maisons. Contrée populeuse jusqu’à La Tour (Lec-