Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/138

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toure), évêché dont nous avons laissé le titulaire à Bagnères-de-Luchon. Situation pittoresque à l’extrémité d’une rangée de collines. — 20 milles.

Le 22, — Par Leyrac, à travers une campagne très belle, nous arrivons à la Garonne, qu’un bac nous fait traverser. La rivière a un quart de mille de large et paraît animée par le commerce. Un grand chaland passait chargé de cages à volaille. La consommation de la grande ville de Bordeaux se fait sentir aussi loin que la rivière est navigable. Cette riche vallée se continue parfaitement cultivée jusqu’à Agen ; mais elle n’a plus la beauté des environs de La Tour.

Si de nouvelles constructions sont un indice sûr de l’état florissant d’une ville, Agen prospère. L’évêque s’est bâti un superbe palais dont le centre est de bon goût ; le raccordement avec les ailes est moins heureux. — 23 milles.

Le 23. — La route d’Aiguillon suit une vallée riche et de bonne culture ; beaucoup de chanvre, toutes les paysannes y sont employées. Beaucoup de fermes propres et bien bâties sur de petites propriétés ; tout le pays est très peuplé. Vu le château du duc d’Aiguillon, dont la situation dans la ville n’est pas selon nos idées rurales, mais en France une ville est l’accessoire obligé d’un château ; il en était ainsi autrefois dans la plus grande partie de l’Europe ; il semblait résulter du pacte féodal que le grand seigneur garderait ses esclaves le plus possible à sa portée, comme on bâtit ses écuries près de la maison. Cet édifice, qui est considérable, a été bâti par le duc actuel ; il le commença, il y a une vingtaine d’années, lorsqu’il resta exilé ici pendant huit ans. Grâce à ce bannissement, l’édifice