Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/139

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s’éleva majestueusement ; le corps de bâtiment fut fait, et les ailes détachées presque achevées. Mais à peine eut-on révoqué la sentence que le duc courut à Paris, d’où il n’est pas revenu depuis ; en conséquence, tout est arrêté. C’est ainsi que l’exil seul force la noblesse de France à ce que les Anglais font par plaisir : résider sur leurs domaines et les embellir. Une grande magnificence, c’est la construction d’un théâtre élégant et spacieux, qui remplit une des ailes. L’orchestre contient vingt-quatre musiciens payés et défrayés de tout par le duc, quand il est ici. Ce luxe agréable et de bon goût, à portée des grandes fortunes, est général en Europe, l’Angleterre exceptée ; les grands propriétaires y préfèrent des chevaux et des chiens à tous les plaisirs qu’on peut retirer du théâtre. Tonnance (Tonneins.) — 25 milles.

Le 24. — Quantité de belles maisons de plaisance, nouvellement bâties, bien construites et accompagnées de jardins, de plantations, etc., etc. ; autant d’effets de la richesse de Bordeaux. Le peuple d’ici, comme le Français en général, mange peu de viande ; à Leyrac, on ne tue que cinq bœufs par an ; dans une ville anglaise de même importance, il en faudrait deux ou trois par semaine. La vue est superbe du côté de Bordeaux pendant plusieurs lieues ; on découvre la rivière en cinq ou six endroits. Gagné Langon et bu de son excellent vin blanc. — 32 milles.

Le 25. — Traversé Barsac, fameux aussi par ses vins. On laboure maintenant avec les bœufs entre les rangées de ceps, opération qui suggéra à Jethro Tull l’idée de sarcler les blés avec la houe à cheval. Population dense et nombreuses villas pendant tout le chemin. À Castres la