Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/155

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sont ou incultes, ou en bruyères, ou mal cultivées ; je ne pouvais m’empêcher de penser que, si jamais il prenait au roi de France l’idée d’établir une ferme-modèle sur le système de récoltes-racines suivi en Angleterre, c’était ici qu’il le fallait faire. Qu’il donne le château pour résidence au directeur et à son monde, que l’on convertisse en étables les casernes qui ne servent plus à rien maintenant, et les profits du bois suffiront à l’achat du bétail et à la mise en œuvre de toute l’entreprise. Quelle comparaison y a-t-il entre l’utilité d’un tel établissement et celui qu’à bien plus grands frais on a fait ici d’un haras, qui ne peut produire par sa tendance que du mal ? J’ai beau recommander de semblables institutions ; on ne s’en est jamais occupé nulle part, et jamais on ne s’en occupera, jusqu’à ce que l’humanité soit régie par des principes absolument contraires à ceux d’à présent, jusqu’à ce que l’on pense que le progrès d’une agriculture nationale demande autre chose que des académies et des mémoires. — 35 milles.

Le 12. — À deux milles du port, nous avons tourné la grande route d’Orléans. Un vigneron nous a informés ce matin que la gelée avait été assez forte pour faire du mal au raisin ; et je dois dire que, depuis quatre ou cinq jours, le ciel a été constamment clair, le soleil brillant, mais qu’il a soufflé un vent de nord-est si froid, que l’on eût dit nos journées claires d’avril en Angleterre ; nous n’avons pas quitté nos surtouts de toute la journée. Dîné à Clarey (Cléry) et visité le tombeau de ce tyran, si habile et si sanguinaire, Louis XI : il est en marbre blanc ; le roi est représenté à genoux, implorant, je suppose, pour ses bassesses et ses meurtres, un pardon qui, sans doute, lui fut promis par ses prêtres. Arrivé à Orléans. — 30 milles.