Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/170

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propre intérêt ; suivant les autres, les finances sont trop dérangées pour être rétablies par aucun système, hors la réunion des états généraux du royaume, et une telle assemblée ne peut se faire sans provoquer une révolution dans le gouvernement. Tous s’accordent à pressentir quelque chose d’extraordinaire, et l’idée d’une banqueroute est loin d’être rare. Mais qui aura le courage de s’en charger ?

Le 14. — Abbaye des Bénédictins de Saint-Germain, piliers de marbre africain, etc., etc. — C’est la plus riche de France ; l’abbé a 300,000 livres (13,125 l. st.). La patience m’échappe, quand je vois disposer de tels revenus comme on le faisait au dixième siècle et non selon les idées du dix-huitième. Quelle magnifique ferme on créerait avec le quart seulement de cette rente ! Quels navets, quels choux, quelles pommes de terre, quels trèfles, quels moutons, quelle laine ! Est-ce que tout cela ne vaut pas mieux qu’un prêtre à l’engrais ? Si un actif fermier anglais était derrière cet abbé, il ferait plus de bien à la France, avec moitié de sa prébende, que la moitié des abbés du pays avec toutes les leurs. Passé près de la Bastille, autre objet propre à faire vibrer dans le cœur de l’homme d’agréables émotions. Je mis en quête de bons cultivateurs, et à chaque coin je me heurte contre, des moines et des prisons d’État. — À l’Arsenal, pour voir M. Lavoisier, ce célèbre chimiste dont la théorie, anéantissant le phlogistique, a fait autant de bruit que celle de Stahl, qui l’établissait. Le docteur Priestley m’avait donné pour lui une lettre de recommandation. Dans la conversation, je parlai de son laboratoire ; il m’y a donné rendez-vous pour mardi. Revenu par les boulevards à la place Louis XV, qui n’est pas, à proprement