Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/177

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d’avis qu’elle ferait plus de mal que de bien.[1].

Le 18. — Les Gobelins sont sans aucun doute, la première manufacture de tapisseries du monde ; un roi peut seul en soutenir de pareilles. Le soir, vu la Métromanie, cette incomparable comédie de Piron, très bien jouée. Plus je vois le théâtre français, plus je l’aime, et je n’hésite pas un moment à le préférer de beaucoup au nôtre. Auteurs, acteurs, édifices, mise en scène, décors, musique, ballets, prenez le tout en masse, il n’y a rien d’égal à Londres. Nous avons certainement quelques brillants de première eau ; mais, tout mis en balance, ce n’est pas le plateau de l’Angleterre qui l’emporte. J’écris ce passage d’un cœur plus léger que je ne le ferais s’il me fallait donner la palme à la charrue française. Le 19. — Charenton près Paris, visité l’École vétérinaire et la ferme de la Société royale d’agriculture. M. Chabert, le directeur général, nous a reçus avec la plus cordiale politesse ; j’avais eu le plaisir de connaître en Suffolk M. Flandrein, son second et son gendre. Ils me montrèrent tout l’établissement vétérinaire ; il fait honneur au gouvernement de la France. Fondé en 1766, on y ajouta une ferme en 1783 et quatre nouvelles chaires, deux d’économie rurale, une d’anatomie et une de chimie. On m’informe que M. Daubenton, qui est à la tête de la ferme avec un traitement de 6,000 livres par an, professe l’économie rurale, surtout en ce

  1. Je souris, en transcrivant ces lignes, de quelques appréciations que les événements survenus depuis ont placées dans un jour très singulier. Je ne change rien à aucun de ces passages : ils montrent quelle était, avant la Révolution, sur les sujets les plus importants, l’opinion de la France ; les événements ne les ont rendus que plus intéressants. — Juin 1790.
    (Note de l’Auteur.)