Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/186

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Le 30. — Soissons paraît une pauvre ville, sans manufactures, vivant surtout du commerce des blés qui, d’ici, s’en vont par eau à Paris et à Rouen. — 25 milles.

Le 31. — Coucy est magnifiquement situé sur une colline, avec une belle vallée serpentant à ses pieds. J’ai vu à Saint-Gobain, au milieu de grands bois, la fabrique des plus grandes glaces du monde. J’eus la bonne fortune d’arriver une demi-heure avant le coulage du jour. Passé La Fère. Gagné Saint-Quentin, dont les grandes manufactures me prirent mon après-midi tout entière. Depuis Saint-Gobain, les toitures d’ardoises sont les plus belles que j’aie vues en aucun pays. — 30 milles.

1er novenbre. — Près de la Belle-Anglaise, j’ai fait un détour d’une demi-lieue pour voir le canal de Picardie, dont on m’avait beaucoup parlé. De Saint-Quentin à Cambrai, le pays s’élève tellement, qu’il a fallu creuser un tunnel à une profondeur considérable au-dessous de plusieurs vallées aussi bien que des collines. Dans l’une de ces vallées se trouve un puits avec escalier voûté pour le visiter. Je comptai 134 marches avant de trouver l’eau, et comme cette vallée est beaucoup au-dessous des vallées adjacentes, on peut en conclure l’étonnante profondeur de ce canal. Sur la porte d’entrée se lit l’inscription suivante : L’année 1781, M. le comte d’Agay étant intendant de cette province, M. de Laurent de Lionni étant directeur de l’ancien et nouveau canal de Picardie, et M. de Champrosé inspecteur, Joseph II, Empereur, Roi des Romains, a parcouru en bateau le canal souterrain depuis cet endroit jusques au puits no 20, le 28, et a témoigné sa satisfaction