Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/188

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la victoire un vain bruit, la splendeur d’une cour un vol public.

Visité les manufactures de Cambrai. Ces villes de la frontière de Flandre sont bâties dans le vieux style ; mais les rues sont belles, larges, bien pavées et bien éclairées. Point n’est besoin de remarquer que toutes sont fortifiées, et que chaque pied de terre de cette région s’est rendu glorieux ou infâme (selon les sentiments particuliers du spectateur) par beaucoup de guerres les plus sanglantes qui aient affligé et épuisé la chrétienté. Chambre, repas et service excellent à l’hôtel de Bourbon. — 22 milles.

Le 2. — Arrivé par Bouchain à Valenciennes, autre vieille ville qui, comme le reste des cités flamandes, montre plutôt une opulence ancienne qu’une richesse actuelle. — 18 milles.

Le 3. — Orchies. — Le 4. — Lille ; il y a dans sa banlieue plus de moulins à vent pour l’extraction de l’huile de colza qu’on n’en peut voir en aucun endroit du monde. On traverse moins de ponts-levis et d’ouvrages fortifiés ici qu’à Calais : la grande force de cette place est dans ses mines et autres souterraines. Passé la soirée au spectacle.

Je fus surpris du cri de guerre qui s’élève contre notre pays. Tous ceux à qui j’ai parlé prétendent que sans aucun doute ce sont les Anglais qui ont amené une armée prussienne en Hollande, et que la France a de justes et nombreuses raisons qui la poussent à la guerre. Il est assez aisé de découvrir l’origine de toute cette violence ; c’est le traité de commerce, que l’on exècre ici comme le coup le plus fatal porté aux manufactures du pays. Ces gens sont dans les vraies