Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/191

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

genre humain ? — Arrivé à Calais ! Ici se termine mon voyage, qui m’a donné beaucoup de plaisir et plus d’instruction que je ne m’attendais à en rapporter d’un royaume moins bien cultivé que le nôtre. Ç’a été le premier que j’aie fait à l’étranger, et il m’a confirmé dans l’opinion que, si nous voulons bien connaître notre propre pays, il faut que nous voyons quelque peu les autres. Les nations se jugent par comparaison, et on doit mettre au rang des bienfaiteurs de l’humanité les peuples qui ont le mieux établi la prospérité publique sur la base du bonheur privé. M’assurer du degré atteint par les Français dans cette voie a été un des motifs de mon voyage. C’est une enquête qui s’étend loin et n’est pas peu complexe ; mais une seule excursion est trop peu de chose pour que l’on y ait pleine confiance. Il faut que je revienne encore et encore avant de me hasarder à conclure. — 15 milles.

Descendu chez Dessein, où j’ai attendu trois jours le paquebot et un vent favorable. (Le duc et la duchesse de Glocester étaient au même hôtel et dans le même cas.) Un capitaine se conduisit envers moi de pauvre façon : il me trompa pour s’engager avec une famille qui ne voulait recevoir personne sur le même bord. Je ne demandai pas même à quelle nation appartenait cette famille. — Douvres, Londres, Bradfield ; je ressens plus de plaisir à donner à ma petite-fille une poupée de France qu’à voir Versailles.