Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/212

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au xviiie siècle, n’a pas de meilleurs abris pour les voyageurs ! — 30 milles.

Le 9. — Morlaix est le port le plus singulier que j’aie vu. Dans une vallée juste assez large pour contenir un beau canal, on voit deux quais et deux rangées de maisons ; en arrière s’élève la montagne, abrupte et boisée d’un côté, semée de jardins, de roches et de broussailles de l’autre ; l’effet en est charmant et romantique. Commerce assez lourd à présent, mais très florissant pendant la guerre. — 20 milles.

Le 10. — Jour de foire à Landivisier (Landivisiau), ce qui me donne l’occasion de voir réunis nombre de Bas-Bretons et de leurs bestiaux. Les hommes portent de larges culottes, plusieurs ont les jambes nues, et la plupart sont en sabots ; ils ont les traits fortement accentués comme les Gallois, et un air moitié énergique, moitié nonchalant ; ils sont grands de taille, larges de poitrine et carrés d’épaules. Les femmes, même jeunes, sont tellement ridées par la fatigue, qu’elles perdent l’air de douceur naturel à leur sexe. Le premier coup d’œil les fait reconnaître pour absolument différents des Français. N’est-ce pas un miracle de les retrouver ainsi, avec leur langage, leurs mœurs, leurs costume, après treize cents ans de séjour sur cette terre ? — 35 milles.

Le 11. — J’avais des lettres de personnes fort recommandables pour d’autres personnes aussi très recommandables de Brest, à l’effet de m’obtenir l’entrée des arsenaux. Ce fut en vain.

M. le chevalier de Tredairne fit en ma faveur des instances très pressantes auprès du commandant : mais