Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/234

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fût malade chez moi et qu’on ne voulût pas me mander de mauvaises nouvelles, lorsque ma position ne me laissait pas moyen d’y porter remède. Le désir que j’avais d’accepter l’invitation de la duchesse d’Anville et du duc de Larochefoucauld, à la Roche-Guyon, prolongea cependant mon voyage, et je me mis en route pour cette nouvelle excursion. La vue du chemin au-dessus de Rouen est vraiment superbe : à l’une des extrémités de la vallée, la ville et le fleuve qui l’arrose, tout parsemé d’îles boisées ; à l’autre, deux grands canaux embrassant un archipel tantôt cultivé, tantôt en pâturage ; autour une magnifique ceinture de forêts. Passé par Pont-de-l’Arche, dans ma route sur Louviers ; j’avais des lettres pour M. Decretot, le célèbre manufacturier, qui me reçut avec une bonté pour laquelle il devrait y avoir une autre expression que celle de courtoisie. Il me fit voir sa fabrique, la première du monde certainement, si la réussite, la beauté des tissus et une invention inépuisable pour répondre à tous les caprices de la fantaisie, sont des mérites à une telle supériorité. Rien n’égale les draps de vigogne de M. Decretot, à 110 francs l’aune (4 l. st. 16 sh. 3 d.). Il me montra aussi sa filature de coton, dirigée par deux Anglais. Près de Louviers se trouve une manufacture de plaques de cuivre pour le doublage des vaisseaux de la marine royale ; c’est encore une colonie d’Anglais. Je soupai avec M. Decretot, et passai la soirée en compagnie de dames fort aimables. — 17 milles.

Le 9. — Vernon par Gaillon. Riches terres labourables dans la vallée. Parmi la liste que j’ai prise il y a longtemps des choses à voir en France, se trouvaient la plantation de mûriers et la magnanerie du maréchal