Page:Young - Voyages en France en 1787, 1788 et 1789.djvu/249

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à l’esprit de liberté, rien au delà de l’égalité des taxes foncières, qu’elle tient pour tout ce que l’on peut raisonnablement demander. Le parti populaire, d’autre part, semble faire dépendre toute liberté de l’absorption des classes privilégiées par les communes au moins pour faire la constitution. Quand je représente que, si l’on admet une fois l’union des ordres, aucun pouvoir ne sera capable d’arriver à la séparation ensuite, et qu’en pareil cas la constitution ne sera guère bonne si elle n’est mauvaise tout à fait, on me répond toujours que le premier point, pour le peuple, est d’avoir le pouvoir de faire le bien, et que ce n’est pas un argument valable que de dire qu’il en peut mal user. Parmi ces gens règne l’idée commune que tout ce qui tend à constituer un ordre à part, comme notre Chambre des lords, n’est pas en harmonie avec la liberté. Ce qui me paraît parfaitement extravagant et sans fondement aucun.

Le 12. — À la réunion de la Société royale d’agriculture, à l’Hôtel-de-ville, en qualité d’associé, je pris part au vote et reçus un jeton. C’est une petite médaille donnée aux membres présents à la séance, pour leur rappeler l’objet de leur institution ; il en est de même à toutes les académies royales, etc., ce qui fait au bout de l’année une dépense excessive et ridicule ; car que faudrait-il attendre d’hommes qui ne s’y rendraient que pour recevoir leur jeton ? Quel qu’en fût le motif, il y avait beaucoup de monde ; près de trente membres étaient présents, entre lesquels Parmentier, vice-président, Cadet de Vaux, Fourcroy, Tillet, Desmarets, Broussonnet, secrétaire, et Creté de Palieul, dont j’ai visité la ferme il y a deux ans, le seul agriculteur pratique de la Société. Le secrétaire lit les titres des mémoires